Cargos
C’est à Istanbul, face au Bosphore, que le sujet s’est imposé à Consuelo le Mire.
Pendant quatre années elle a vu défiler sous sa fenêtre des milliers de bateaux et s’est découverte un jour à leur trouver une beauté qui la touchait. Cela, malgré la réputation de pollueurs dont ils sont investis. Son exposition sur les Cargos du Bosphore, en 2006, a trouvé un accueil inattendu : elle a constaté que beaucoup y étaient sensibles.
Ces années-là, elle s’est aussi intéressée aux bassins de construction, aux chantiers de destruction, aux cimetières de bateaux… La découverte de la série Shipbreaking d’Edward Burtynsky a fini de la convaincre de l’attraction qu’elle ressentait pour cette grande industrie de la mer.
Depuis lors, au grès de ses voyages, ne cessant de rechercher ces lieux, elle a visité le site de démantèlement de Chittagong, au Bangladesh, les quais de Yangoon, en Birmanie, le plus grand chantier naval du Chili, à Talcahuano, et, dernièrement, la baie de Nouadhibou, en Mauritanie, où gisaient encore, il y a peu, des dizaines d’épaves oubliées.
Elle en a ramené des images qu’elle considère comme importantes. Témoins de l’émotion avec laquelle elle en parle, on la croit.
On est interpellé par le contraste entre ces vertigineuses parois métalliques, éventrées et l’homme qui les dépèce ou par celui que provoque la présence simultanée des textures rugueuses, du sable et de l’eau, ou encore celle des navires refaits à neuf et des châteaux défaits par les années…
On est aussi frappé par l’harmonie des couleurs et des formes exposées aux lumières des différentes latitudes.
Voici donc le grand voyage des cargos, de leur splendeur à leur décadence. Une leçon de fragilité, malgré leur apparente puissance.
Du 06 avril au 06 mai 2012 au Bastion de Gréguennic à Vannes.