Aux abords de la Rogers Arena de Vancouver, mercredi dernier, une pléiade d’objets et de détritus en tout genre jonche le sol de la chaussée. En troupes, les forces de l’ordre poursuivent et tentent de calmer les émeutiers, mécontents d’avoir perdu le match de hockey du soir. Au milieu, là sur le bitume, gisent un homme et une femme enlacés. Ils se donnent un baiser qu’un photographe de Getty Images, le canadien Rich Lam, a immortalisé.
Diffusée largement sur les écrans de télévision et en une des sites de presse, cette photo attendrissante et improbable a fait le tour du monde en quelques heures. Le contraste entre la violence de l’environnement et la douceur de la scène est tel que certains medias ont d’abord cru à une photo posée. Alex Thomas, ancienne étudiante de l’université de Guelph en Ontario, et son ami australien Scott Jones, habitant de Perth, sont pourtant deux jeunes comme les autres. Ils étaient simplement venus assister au match avant d’être pris entre les casseurs et la police.
Les deux amoureux de l’asphalte sont restés inconnus pendant plus de 24h avant de finalement accorder des interviews. A la chaine canadienne CBC News, Scott Jones a declaré vendredi: “La police nous a chargé, nous avons essayé de fuir, mais Alex a reçu un coup de bouclier et est restée à terre. En l’embrassant à ce moment, j’ai juste voulu la rassurer.”
Relayée sur le net et particulièrement sur Twitter ou Facebook, le cliché a reçu un certain nombre de commentaires. L’un deux – «Faites l’amour, pas la guerre !» – rend compte du caractère d’une telle scène. Si bien que la photographie de Rich Lam peut entrer au panthéon des images symboliques, au même titre que la fille à la fleur de Marc Riboud (1967) ou le baiser américain de l’armistice d‘Alfred Eisenstaedt (1945).
Jonas Cuénin