Valérie Winckler vit en banlieue parisienne. Elle est membre de l’agence Rapho depuis 1984. Parallèlement à la réalisation de reportages et de documentaires, elle travaille depuis une dizaine d’années sans appareil photo, avec la technique du photogramme.
« Je ne sais pas ce qui m’a poussé à partir sur la plage, un soir de pleine lune, pour expérimenter la technique des photogrammes avec des petites feuilles de papier photo. La parenté, peut-être, entre le grain de la photo et les grains de sable… Toujours est-il qu’au fur et à mesure des expériences, alors que ma technique s’affinait, je découvrais un monde qui résonnait en moi et qui me renvoyait à la naissance de l’univers.
Si dans un premier temps, les photogrammes ont été en quelque sorte réalisés en collaboration avec la nature, mes nouvelles séries sont nées davantage de l’observation de la matière et d’un travail gestuel, avec ou sans outils, afin de diriger le plus possible le résultat final. Et pourtant… l’imprévu est souvent là. C’est alors qu’il faut ne pas s’accrocher à l’idée première mais être disponible aux chemins proposés par les éléments en laissant vivre son intuition et son imaginaire, tout en gardant sa présence au réel.
Observateur, puis acteur, je deviens spectateur lorsque l’image se révèle. C’est le moment où la lumière et l’ombre dessinent les reliefs d’un univers singulier. J’aime que cette lumière qui émane des photogrammes naisse dans les profondeurs noires du papier photo. Elle éclaire sans brûler l’espace du mystère et des interrogations.
Je me suis toujours étonnée du fil qui reliait mes différentes activités : la photographie, le documentaire et la création. Des correspondances se dessinent de façon parfois inattendue alors que des portes s’ouvrent sur des territoires inconnus qui mènent à d’autres formes et d’autres langages. Mais subsistent les thèmes et les interrogations : les âges de la vie, le mystère des origines, le goût des profondeurs et de l’humain. »
Portfolio week-end sélectionné par Jean-Luc Monterosso.