Depuis vingt ans, l’artiste française Valérie Belin réalise un travail qui met au défi la nature de la surface photographique et la manipule, pour questionner les concepts de la beauté, de l’artifice et de l’illusion. Actuellement exposée à la Edwynn Houk Gallery de New York, sa toute dernière série, intitulée Painted Ladies, se compose de huit tirages grand format, en noir et blanc.
Elle s’inscrit dans la lignée de la fascination qu’éprouve l’artiste pour le corps humain en tant que puissant vecteur d’abstraction et de sens. Puisant l’inspiration auprès des expressionnistes du début du xxe siècle, Valérie Belin s’est accompagnée de l’artiste maquilleuse Isamaya Ffrench pour travailler le visage des mannequins au moyen de divers pinceaux, en imitant des rites initiatiques tribaux. C’est des noms des brosses utilisées que les œuvres tirent leurs titres, qui reflètent également celui des outils de retouche numérique intégrés aux logiciels de traitement d’images employés : Lady Round Brush, Lady Pastel ou encore Lady Inpainting.
Valérie Belin explique que son travail trouve son origine dans la peinture. Dans ses œuvres, les visages des mannequins sont métamorphosés et réduits à l’état de toiles, dont les surfaces ont été attribuées et actualisées par l’artiste. Le style pictural de chaque image, dont l’abstraction dépasse le cadre du simple portrait, émane des interventions effectuées sur les mannequins avant la photo, puis du traitement numérique effectué a posteriori. En induisant un doute sur la nature de l’image, du procédé, et de ce que l’on voit en réalité, l’artiste nous pousse à réfléchir au pouvoir de la surface en tant que signifiant. Avec ces méta-clichés aux dimensions imposantes, cette remarquable série nous donne l’occasion de revoir notre conception des liens entre photographie et peinture, figuration et abstraction, réalité et fiction.
Valérie Belin, Painted Ladies
2 – 31 mars 2018
Edwynn Houk Gallery
745 5th Ave #407
New York, NY 10151
USA