L’idée à la base de Concreta vient d’un désir partagé et d’une absence : le désir de construire une plate-forme permettant de contribuer à la réflexion contemporaine sur les images au moyen d’un journal semestriel et d’une série de livres d’artistes ; et faire ceci depuis un lieu spécifique, celui d’une communauté marquée par la disparition systématique, au cours des quinze dernières années, d’une infrastructure culturelle dédiée aux arts visuels. Cette situation locale de crise culturelle s’inscrit dans le cadre plus général de la crise mondiale du capitalisme financier, et pointe un changement de paradigme fonctionnant sur plusieurs niveaux, non seulement macroéconomique mais aussi, et surtout, micropolitique, laissant présager un futur sombre pour la culture et les arts. N’étant plus considérés comme des moyens de développer un savoir critique sur le monde et des outils pour penser et agir, la culture et les arts en sont maintenant réduits à des fonctions purement récréatives. Pour ces raisons, dès ses tous débuts, Concreta s’est défini comme une plate-forme de résistance contre l’appauvrissement culturel de notre présent, et a choisi des formats papiers et numériques pour élaborer une proposition qui s’initie dans un endroit précis et cependant ne se circonscrit pas à ses limites géographiques. Le but spécifique de cette publication est d’aider à élaborer un cadre théorique pour mener des recherches sur l’image – dans le cadre universitaire ou en dehors – avec un intérêt particulier pour l’image photographique et l’histoire de l’art, mais en s’appuyant également sur toutes les disciplines de savoir qui interrogent l’image comme lieu de friction et d’anxiété, comme structure de sens et champ de force dialectique.
Lire la suite du texte dans la version anglaise du Journal