Cette 3e édition de la Biennale Usimages s’attache à explorer les relations qu’entretient la photographie à la commande d’entreprise. Elle soulève également la question de pouvoir témoigner ou non aujourd’hui des réalités du monde du travail. La programmation se veut être un espace de recherche qui interroge dans les expositions historiques et contemporaines sur le rapport des artistes à la commande industrielle. Dans un monde qui accélère la production et de transmission des images, il est étonnant de constater cette difficulté à exercer un regard libre au sein des entreprises. Même si les questions de sécurité ou de secret industriel empêchent bien souvent la réalisation de photographies, l’entreprise semble ne vouloir garder ni la mémoire des hommes, ni celle des images. Comme si cette amnésie organisée permettait une gestion plus facile du démantèlement et de la disparition en cas de crise.
La programmation s’articule autour d’expositions de photographes internationaux contemporains qui nous plongent chacun à leur façon, dans l’univers plus ou moins humanisés des entreprises. C’est le cas pour les images de Michele Borzoni de call centers ou de centres logistiques qui nous poussent à imaginer ce que l’image ne représente pas : la consommation à flux tendue avec d’un bout à l’autre de la chaine le consommateur et le robot préparateur de la commande.
C’est aussi deux reportages commerciaux qu’André Kertész réalise en 1944 chez Firestone et pour l’American Viscose Corporation. Il s’attache à composer à la chambre des images précises, et porte une grande attention aux choix de ses modèles féminins qu’il fait poser au travail, dans ce moment historique où les Etats unis voyaient leurs hommes partir sur le front.
Usimages, un parcours photographique à travers notre territoire
Du samedi 27 avril au samedi 15 juin 2019
Communes de Cramoisy, Creil, Montataire, Nogent-sur-Oise, Rousseloy, Saint-Leu-d’Esserent, Saint-Maximin et Villers-Saint-Paul
La Saison André Kertész
Soucieux de conserver sa mémoire après sa mort, André Kertész (1894-1985) entreprend, au cours des années 1970, le classement de ses photographies et ses papiers. Il puise, dans ses archives, matière à publier une dizaine de livres entre 1972 et 1985, notamment Sixty years of Photography (1972), Distorsions (1976), From my window (1983) et Hungarian Memories (1983). Photographe reconnu, il voit son œuvre exposée dans les plus grands musées du monde. Après de longs échanges avec les représentants du ministère de la Culture, lors de fréquents séjours à Paris au début des années 1980, André Kertész fait don de son œuvre à la France en 1984.
Le photographe lègue « au peuple français », dit-il, : tous ses négatifs et diapositives ainsi qu’un important ensemble de tirages de lecture par contact et planches contacts. La donation comprend, en outre, une partie de la bibliothèque et l’abondante correspondance du photographe. Elle couvre sa vie depuis sa jeunesse en Hongrie, à partir de 1907, jusqu’à sa disparition : livres, magazines, journaux, brouillons, maquettes de livres, carnets de notes, correspondances et factures diverses, notamment avec son tireur, les éditeurs et les musées. Le fonds, acheminé en France en juillet 1986, est confié à l’Association française de diffusion du patrimoine photographique (AFDPP), qui organise l’exposition Ma France, présentée à Paris en 1990.
En Depuis mai 2005, la donation est affectée à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (MAP). Une première exposition, L’odyssée d’une icône, est coproduite à Paris avec la Maison européenne de la photographie (MEP) en 2008.
C’est également avec le concours de la MAP qu’est organisée la grande rétrospective de l’œuvre du photographe au Jeu de Paume en 2010. Celle-ci réveille l’intérêt des chercheurs pour Kertész, aujourd’hui très connu des spécialistes mais moins repéré par le grand public. Au fil des années, de nombreuses images de Kertész, ainsi que des documents d’archives issus de la donation sont présentés dans de nombreuses expositions, comme Calder, 1926-1933 au Centre Pompidou en 2009, 1917 à Pompidou-Metz en 2013, ou bien encore au FOAM à Amsterdam en 2017.
En 2019, cinq projets spécifiques expositions vont permettre permettent au public de redécouvrir l’œuvre d’André Kertész :
– La France depuis Saint-Cloud, André Kertész et la revue Art et Médecine (1931-1936), Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), musée des Avelines, du 21 février au 13 juillet.
– André Kertész, Commercial Works, Creil (Oise), festival Usimages 2019, du 27 avril au 15 juin
– André Kertész, La lumière de Paris, Chengsha, (Chine), été 2019 organisé par le Jeu de Paume dans le cadre du festival Croisements (sous réserve)
– André Kertész, Jeu de Paume-Château de Tours (Indre-et-Loire), du 25 juin au 27 octobre 2019
– André Kertész, Marcher dans l’image, Gentilly (Val-de-Marne), Maison de la photographie Robert Doisneau, du 22 novembre 2019 au 2 février 2020.