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Urbes Mutantes :

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L’Amérique latine est le sujet d’une belle exposition à l’International Center of Photography, qui, construite autour de neuf thèmes, rappelle les particularités du continent sud-américain, entre violence, chaleur et couleurs extraordinaires. Ainsi explore-t-elle les différents mouvements photographiques de huit pays — Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Cuba, Mexique, Pérou et Venezuela —, et évoque les perpétuels changements, la protestation, parfois le chaos, la formation des identités urbaines, la culture populaire de rue et le visage public de la pauvreté. Et ce, à travers un lieu en particulier : la ville, creuset des revendications sociales, de l’expression culturelle et des bouleversements politiques.

Urbes Mutantes, littéralement « villes en mutation », couvre sept décennies, avec des photographies produites des années 1950 aux années 1980. Avec ses images de rue et ses représentations de l’espace public pendant les périodes de bouleversements politiques et sociaux, c’est une révision de la façon dont les cités d’Amérique du Sud ont été imaginées à travers le temps. Là où au cours des années 70 se sont reflétés l’instabilité des gouvernements, la politique de la révolution, et se sont mêlés les prostituées, les manifestants, les pauvres, les culturistes, les travestis, les mariachis, les bourgeois comme les ouvriers.

Le mur est alors un moyen d’expression privilégié, photographié à diverses périodes par Maya Goded, Bill Caro, Jaime Villasera, Leonora Vicuna ou encore Graciela Iturbide, certainement l’une des plus grandes photographes d’Amérique latine et omniprésente dans toute l’exposition. On retrouve l’architecture un peu plus loin, que ce soit dans la section qui lui est entièrement dédiée, avec des photographies de Armando Salas Portugal ou Paolo Gasparini ; celle consacrée à la publicité et au consumérisme —  images de Facundo de Zuviria ou Marco Lopez ; ou dans une série d’images sur la notion de mobilité dans la cité, qui contient notamment des photographies de passagers par Gertjan Bartelsman.

Entretemps, une constellation de magnifiques images humanistes. Elles sont signées Paz Errazuriz, Hector Garcia, et dépeignent la nightlife latine ; Alvaro Hoppe qui a suivi certains mouvements protestataires ; ou Roberto Fontana, Pablo Ortiz Monasterio, Miguel Rio Branco, photographes des populations défavorisées ou de jolis instants de vie. Sensibilité à laquelle on se doit de succomber dans la salle dévouée aux différences, celle des personnages de rue, des protagonistes de la libération sexuelle, des homosexuels ou des subcultures. Là trônent les portraits d’Adolfo Palino, de Leonora Vicuna, Juan Travnik, ou les images suggestives d’Al Mundy, dans une sélection qui plonge le spectateur dans une intimité touchante.

Aussi Urbes Mutantes et ses 200 photographies est-elle le produit de décennies de recherche par le commissaire et éditeur français Alexis Fabry, qui a organisé l’exposition avec la curatrice Maria Wills. Des images d’Amérique du Sud qu’Alexis Fabry a commencé à acquérir il y a près de 20 ans, d’abord à la demande d’un collectionneur espagnol puis dans la dernière décennie à celle de Leticia et Stanislas Poniatowski, un couple franco-argentin qui possède la grande archive privée qui a servi à produire cette exposition. « Pendant que le XXe siècle avançait, au milieu de luttes pour la justice sociale et la défense de la démocratie et de la liberté, la ville est devenue un cadre pour des soulèvements et des révolutions », explique Alexis Fabry. « Ces images sont devenues aussi importantes que les reportages sur les événements qui ont façonné les pays d’Amérique latine. Dans certains cas, la politique et l’art sont inséparables. »
Rejetant les distinctions arbitraires entre les genres photographiques — photographie d’art, photojournalisme ou documentaire —, Urbes Mutantes, présentée précédemment en 2013 au Museo de Arte del Banco de la República de Bogotá, souligne la profondeur, la richesse et la diversité de l’histoire de la photographie de cette partie du monde. Le catalogue associé est ainsi une véritable mine d’informations, que ce soit à travers les textes que toutes ces photographies d’auteurs pour la plupart méconnus.

EXPOSITION
Urbes Mutantes: Latin American Photography 1944–2013
A l’International Center of Photography
Jusqu’au 7 septembre 2014
1133 Avenue of the Americas
New York, NY 10036
Etats-Unis
(212) 857-9725

http://www.icp.org

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