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Urban Quilombo –Sebastian Liste

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Il y a huit ans, soixante familles vinrent occuper le « Galpao da Araujo Barreto », une usine de chocolat désaffectée à Salvador de Bahia, au Brésil. Avant de s’installer dans cet endroit, ces familles vivaient dans les rues les plus dangereuses de la ville. En 2003, elles prirent possession ensemble de cette usine déserte, qui tombait en ruine, et elles la transformèrent en un lieu habitable.
Depuis 2009, j’ai pris des photos à Barreto. Je compris rapidement que j’avais affaire à une communauté unique. Cette sous-culture issue de la grande ville était devenue comme une vaste famille. Ils avaient créé un microcosme au sein duquel les problèmes de drogue, de prostitution, et de violence étaient maîtrisés avec l’aide de la communauté. Aujourd’hui, vivre en communauté est une forme de révolution. Barreto est un endroit où les échanges d’idées, de biens et de services ont créé des liens identitaires qui ont permis d’assurer la survie de ses membres au sein d’une société qui les marginalisent.
Je suis venu à Barreto pour comprendre comment les communautés se forment comme mécanismes de survie au sein de sociétés fractionnées. Pendant ces années, j’ai pu observer tout le panel des relations humaines : l’amour, le désespoir, la trahison, le désir, la passion, l’unité, l’amitié, les conflits internes et externes, le pardon et le sens de la famille.
Depuis ma première visite, je suis revenu plusieurs fois, jusqu’en Mars 2011, quand le gouvernement a expulsé ces familles de l’usine, une tentative parmi d’autres pour cacher la pauvreté trop visible au centre des villes brésiliennes, en raison des événements internationaux qui vont prendre place au Brésil dans les prochaines années, comme la Coupe du monde de football en 2014, ou les Jeux Olympiques en 2016. Le Brésil emprunte le chemin de la violation des droits de l’homme alors que le pays continue de déplacer les favelas de manière très brutale.
Au moment où ces familles furent relogées, elles étaient plus de 130 à vivre au Barreto, qui représente un espace grand comme un terrain de football. Même si le Barreto, l’emplacement matériel, a disparu, la communauté existe toujours. Les familles qui vivaient avant à Barreto sont désormais installées dans le « Jardim das Margaridas », un quartier marginalisé dans les faubourgs de la ville.
Mon principal objectif est d’essayer de rendre compte des liens émotionnels et physiques existant entre ces différentes familles, comment la communauté entretient ces relations, et comment elle s’efforce de se construire une dignité. Cette communauté est symbolique d’un endroit où la dégradation tragique que subit la vie humaine est parfaitement contrebalancée par le réalisme magique de l’Amérique latine.

Urban Quilombo – Sebastian Liste
Visa pour l’image – Perpignan
Soirées de projection – Campo Santo

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