Upstate Diary est un magazine imprimé qui parait deux fois par an. Kate Orne, sa directrice artistique et photographe, a donné cette interview.
L’Oeil de la Photographie : Qu’est-ce qui vous a poussée à créer Upstate Diary ?
Kate Orne : J’ai appris que de nombreux grands artistes vivent et travaillent depuis longtemps dans le nord de l’État de New York. Pour n’en citer que quelques-uns, je pense à Thomas Cole, Alfred Stieglitz, Georgia O’Keefe, Alexander Calder, Bob Dylan, Vladimir Nabokov et Marc Chagall. Je me suis donc dit que cela pourrait être très intéressant de présenter les artistes d’hier et d’aujourd’hui en lien avec la région. Et voilà ! UD était né ! Je tenais à créer une revue au ton intimiste et non pas académique. Je voulais entrainer le lecteur « à l’intérieur », qu’il plonge dans les sujets de chez lui, de façon informelle et décontractée. Ce qui m’intéresse, ce sont les thèmes impérissables. Peu importe le numéro que vous lisez, le contenu doit être intemporel. Dans le numéro un, les articles sur Carrie Mae Weems, Sheila Metzner et Melissa Auf der Maur sont des articles pérennes, car ils ne traitent pas seulement de leur actualité artistique. Ils révèlent également leur vie intérieure et leur façon de penser en général.
ODLP : Aviez-vous de l’expérience en publication avant UD ?
K.O. : J’étais éditrice à Interview Magazine avant de devenir photographe et j’ai toujours adoré le domaine de la recherche et de l’édition. La transition vers la publication s’est donc faite tout naturellement. En tant que photographe, travailler dans le monde de la mode n’a jamais vraiment satisfait ma curiosité, surtout lorsqu’il s’agissait de saisir le paysage émotionnel humain. UD m’a permis d’aller plus loin et de passer plus de temps dans ce domaine. Durant toute ma carrière, j’ai travaillé sur des projets échelonnés sur une période de 5 à 10 ans http://kateorne.com. UD vient s’ajouter à la liste. C’est une collection d’histoires orales et visuelles.
ODLP : Upstate Diary tourne-t-il autour d’un lieu en particulier ?
K.O. : Il s’agit davantage d’un état d’esprit. J’ai eu énormément de chance d’atterrir dans une région offrant une telle concentration en créativité. Aujourd’hui, nous nous étendons même au-delà de cette zone, ce qui est vraiment passionnant.
ODLP : Est-ce que c’est important pour UD d’être présent sur le web ?
K.O. : C’est extrêmement important, car cela nous permet de présenter des personnes que nous ne pouvons pas inclure dans la version papier.
Ce qui est vraiment génial, c’est que nous avons des lecteurs dans le monde entier ! Cela montre à quel point le concept UD dépasse les frontières et comme nos lecteurs ont soif d’apprendre et d’explorer.
ODLP : Qu’est-ce que le numéro 2 a de spécial ?
K.O. : Oh, beaucoup de choses ! Nous sommes le premier magazine à avoir été invité à faire des recherches à la Alexander Calder Foundation et nous en sommes très fiers ! Calder était quelqu’un de vraiment passionnant. L’article présente un portfolio intimiste réalisé par son ami, le photographe Herbert Matter, qui regroupe des clichés rarement publiés jusque-là. La partie sur Terence Koh est également très singulière. Nous l’avons interviewé lui et son mari, le graphiste Garrick Gott, dans leur maison perchée au sommet d’une montagne ; un lieu incroyable et hautement créatif. Nous adorons nous concentrer sur des endroits qui ont rarement, voire jamais, été documentés. J’ai toujours voulu explorer de nouveaux horizons, rencontrer des gens capables de défier mes pensées et mes sentiments… Griffin Dunne, lui, vit dans ce que l’on pourrait appeler un sanctuaire. Il y trouve la paix nécessaire pour travailler sur son documentaire dédié à sa tante Joan Didion. Mais ce n’est pas tout ! Procurez-vous donc un exemplaire (rires). Mais dépêchez-vous ! C’est une édition limitée, il n’y en a que 1000 !