Une exposition présentée au Centre International du Photojournalisme et au Mémorial du Camp de Rivesaltes, à Perpignan, revient sur cet épisode noir de l’histoire française à travers les images de grands photographes l’ayant couvert. L’Œil de la Photographie a choisi de donner la parole à l’un de ses organisateurs, Jean-François Camp.
Le Centre International du Photojournalisme (CIP), à Perpignan, a une triple mission : pérenniser l’esprit et l’engagement du festival Visa pour l’Image créé en 1989 par Jean-François Leroy, accueillir tous les fonds iconographiques des photojournalistes intéressés, et proposer des cursus de formation dans le domaine de l’information et de la presse. A ce jour, aucune institution publique ne propose de conserver ce type d’archives photographiques considérées comme de la documentation, voire de l’illustration journalistique. A partir d’un tel fonds à caractère historique, de nombreuses actions pédagogiques seront déployées pour favoriser l’apprentissage de l’image dite de presse et des supports médias.
Le CIP a également pour but de récupérer les sujets projetés lors des soirées du festival afin de les présenter en expositions, avec l’accord préalable des auteurs. Mais d’autres expositions seront aussi organisées dans une visée plus historique, pour témoigner d’un événement majeur, comme dernièrement sur la guerre d’Algérie.
A cette occasion, le CIP s’associe au Couvent des Minimes qui accueille depuis 30 ans de festival Visa pour l’Image mais qui fut à l’origine un couvent puis un lieu de garnison militaire. Le second site partenaire est le Mémorial du Camp de Rivesaltes nouvellement réhabilité qui abrite désormais le musée de la déportation. Auparavant lieu de détention pour les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre d’Algérie, il fut un camp de résidence pour les nombreux Harkis fuyant leur pays à la suite des accords d’Evian.
Avec Agnès Sajaloli et Françoise Roux, directrices du Mémorial du camp de Rivesaltes, nous avons pensé cette exposition sur la guerre d’Algérie qui a un sens tout particulier dans cette région fortement marquée par ces événements et terre d’accueil de nombreux ressortissants. Afin d’éviter tout parti pris, nous avons demandé à Jean-Jacques Jordi, historien de référence de nous guider dans les méandres de tous ces événements.
Nous avons aussi accompagné trois grandes figures du photojournalisme : Raymond Depardon, Marc Riboud et Pierre Boulat, ainsi qu’un amateur éclairé, Jacques Horst, qui fut à l’époque médecin militaire en Algérie. Lors de ses déplacements, il a expérimenté les premiers films Kodachrome II qui ont conservé une qualité de couleur et sensibilité tout à fait remarquable.
Au Couvent des Minimes, nous exposons donc cinq chapitres, de 1958 à 1962, traitant de l’évolution de ce conflit, de la position du Général de Gaulle, des épreuves des ressortissants revenant sur le continent. Puis ce fut les vagues successives des arrivées des Harkis entassés dans les camps tristement célèbres de Rivesaltes, deuxième partie de cette exposition de 1962 à 1964 présentée in situ.
Dans cette présentation d’une « guerre sans nom », nous avons choisi délibérément de ne pas traiter des opérations militaires mais de nous concentrer sur les plans politiques et sociaux. L’œil de nos grands photographes nous guide dans ce parcours historique et nous révèle avec émotion et conscience toute l’absurdité des conflits et les terribles conséquences de ces drames humains.
Jean-François Camp
Jean-François Camp est le directeur du laboratoire de développement photographique Central Dupon.
Une guerre sans nom, Algérie 1954-1962
Le Centre International du Photojournalisme
24 Rue François Rabelais
66000 Perpignan
France
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