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Un voyage à La Gacilly Baden, partie 2

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Cet été, l’édition autrichienne du festival La Gacilly était de retour pour une sixième année, avec un parcours placé sous le signe de l’histoire, l’engagement et la poésie. Tour d’horizon.

Dans les jardins de la ville, l’Orient est à l’honneur. Une première exposition autour de l’Afghanistan crée un dialogue d’une grande force entre plusieurs générations, mettant en perspective les vies d’un pays meurtri par la guerre et balloté par différentes occupations mais dont le quotidien dégage une grande résilience. Plusieurs regards se répondent, celui du photographe hongrois Paul Almásy, de la française Véronique de Viguerie et des photojournalistes de l’AFP Shah Marai et Wakil Kohsar.

Plus loin les photographes iraniennes Maryam Firuzi et Gohar Dashti jouent sur la mise en scène pour évoquer leur pays. La première questionne l’identité perse tandis que la deuxième fait allusion à la guerre avec l’Irak dans une superbe série, Today’s Life and War, dans laquelle un couple vit la normalité du quotidien au sein d’un paysage ravagé. Gohar Dashti présente également trois projets évoquant autant la force de la nature, qui reprend ses droits parmi les vestiges de la guerre, que l’exil et la manière dont chacun cherche dans son pays d’adoption les paysages de sa patrie.

Parmi ces « Visions de l’Est » citons également l’œuvre de Sarah Caron, et notamment son travail au Pakistan, pays qu’elle a entièrement traversé à la rencontre de ses habitants et de sa nature sauvage. Fatimah Hossaini célèbre quant à elle les femmes afghanes en lutte constante pour leur liberté. Une rétrospective rend enfin un bel hommage au photographe Abbas, décédé en 2018. Chaque cliché nous ramène à sa sensibilité si particulière et son sens de la composition si poétique.

L’État du monde est le deuxième grand thème de ce festival, largement exploré par des photographes de tout les horizons à travers une même question : quel monde pour demain ? Jérôme Blin interroge les aspirations d’une jeunesse rurale tandis qu’au cœur de la roseraie Stephan Gladieu met en scène ses épouvantails de plastique dans un des pays les plus pollués d’Afrique, la République Démocratique du Congo, « un désastre écologique » selon ses propres mots.

La série Terres de sables du photographe iranien Hashem Shakeri attire quant à elle l’attention sur la situation de la province du Sistan-et-Baloutchistan, ancien grenier à céréales du pays, ébranlée par une sécheresse sans précédent et désertée par sa population. Dans ces paysages ouatés, complètement ensablés, chaque couleur se détache intensément, rappelant la vie qui se poursuit tant bien que mal. Notons également le travail de Gabriele Cecconi qui aborde la Crise des Rohingyas sous un angle écologique, témoignant des conséquences désastreuses que représente la migration de près d’un million d’êtres humains sur les écosystèmes du Bangladesh, leur terre d’accueil.

Une des propositions les plus poétiques de cette édition est la série Écosystèmes de Chloé Azzopardi. La photographe française interroge notre relation à la nature dans une fable « futuriste et métaphorique ». Avec une sensibilité particulière, elle réconcilie les espèces, nature et culture, longtemps séparées par la pensée occidentale.

Parenthèse au festival, le 4 octobre se tenait à Vienne un événement indépendant de La Gacilly mais établi lui aussi à l’initiative de Lois Lammerhuber. Organisé en partenariat avec plusieurs organisations — parmi elles l’UNESCO, le Parlement Autrichien, la fondation World Press Photography ou l’International Press Institute — le Global Peace Photo Award était remis entre les murs du Parlement à la photographe coréenne Elrea Song pour son projet sur le recyclage de déchets glanés sur les côtes du pays et transformés en natures mortes au sein desquelles posent des enfants. Le résultat, coloré et plein d’espoir, a séduit les membres du jury qui ont récompensé ce travail choisi parmi des centaines de propositions.

La Gacilly Baden constitue un exemple tout à fait réussi de festival itinérant, attirant chaque année plus de visiteurs —le dernier dimanche de septembre plus de 9000 personnes ont arpenté les rues de la ville. De quoi donner des idées de mobilité à d’autres grands événements photographiques européens ?

 

 

Le Festival photo de La Gacilly-Baden

Du 15 juin au 15 octobre 2023

http://festival.lagacilly-baden.photo

 

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