New York et photographie. Le mariage se consume maintenant depuis bien longtemps. Lorsqu’on pense New York, on voit photo. Lorsqu’on vit photo, on veut New York. Parler de cette union historique, c’est pourtant aussi s’intéresser à ses témoins. Aux acteurs pardon. Ceux qui, chaque jour, créent et voient ici défiler les milliers d’images qui inondent nos journaux et nos écrans.
J’aurais pu m’attarder sur les lieux ou les objets. J’ai choisi les hommes. En faisant poser avec un appareil, leur préféré, les personnes du monde de la photo new yorkaise que j’ai rencontré depuis mon arrivée aux Etats-Unis, j’espère rendre à ma manière la générosité et la confiance que la plupart m’ont gracieusement offertes. Car c’est bien ce qui m’a depuis le début surpris dans ce petit monde. Avec la passion. J’espère également qu’il est possible de parler de ceux qui ne sont jamais devant le feu des projecteurs.
Ceux qui regardent des images toute la journée mais qui se transforment en grands timides lorsqu’un objectif est braqué sur eux.
Ils aiment tous la photographie. Quotidiennement, ils y sont tous liés, d’une façon ou d’une autre. Elliott et Carol créent les clichés. Pauline les sélectionne. Mimi les gère. Mark les vend. Camille les organise. Aurélie les publie. Mia les expose. Et Robert en parle. Abe ? Dans cette chaine, il est tout aussi important : Il dispense l’outil qui sert à les prendre. Tous, peu importe leur statut ou leur talent, ont leur place dans ce portfolio.
Le 28 mars 1959, Art Buchwald introduisait dans Jour de France une série de photos new yorkaises signées Cartier-Bresson en écrivant: « Un grand photographe – Henri Cartier-Bresson – nous invite à descendre dans les rues du Nouveau Monde. Nous découvrons avec lui que la cité des géants abrite aussi des hommes. » Les banques new yorkaises oublient peut-être leurs hommes qui fourmillent dans les galeries que Cartier-Bresson et tant d’autres ont immortalisés. Le monde de la photographie n’en donne pas l’impression. Ces dix portraits forment mon New York Photo. Une seule personne n’y figure pas. Elle se reconnaitra.
Jonas Cuenin