L’exposition « Le Cosmos russe » se déroule dans le cadre de l’Année de la culture italienne en Russie et de la culture russe en Italie et à l’occasion du 50-e anniversaire du vol du premier homme dans l’espace. Elle est centrée autour de l’analyse des liens entre l’idée de « cosmisme », lancée par les philosophes, les scientifiques et les artistes russes du début du XXe siècle et l’art russe contemporain.
Ce n’est pas par hasard qu’on se met à parler de cosmisme en Russie à la fin du XIX-e siècle. La dureté du climat, le combat géographique perpétuel avec l’ennemi de l’intérieur et de l’extérieur et la foi du peuple russe en un paradis prochain – tout cela fait naître l’idée du cosmisme et de la conquête de l’espace.
C’est le philosophe Nikolaï Fedorov (1829-1903) qui est à la source de la doctrine du cosmisme. C’est à lui qu’appartient l’idée de la résurrection par nos propres efforts de tous les humains décédés. Le cosmisme devient une nouvelle utopie pour la Russie : prête à changer le monde, elle l’accepte avec un enthousiasme révolutionnaire. L’enseignement de Fédorov est soutenu par le grand scientifique Tsiolkovski, le poète Velimir Khlebnikov et le fondateur du suprématisme Casimir Malévitch. Le foisonnement d’idées nouvelles dans le monde de la culture et de la science a des conséquences grandioses. Il cause une transformation révolutionnaire de la Russie dont les conséquences ont un impact grandiose sur les générations à venir. On peut même affirmer que les idées du cosmisme sont en partie réalisées : l’URSS a été le premier pays au monde à lancer un satellite arificiel, en 1961 Youri Gagarine fut le premier homme envoyé dans l’espace. Après cet événement la quasi totalité des enfants du pays rêve d’être cosmonaute. Le thème du cosmisme et du cosmos ne cesse de résonner dans les oeuvres des artistes russes pendant tout le XX siècle.
Le projet « Le cosmos russe » présente des oeuvres des plus grands artistes peintres de l’avant-garde russe : Casimir Malévitch, Alexandre Rodtchenko, Tchachnik, Souétine, Sterligov, Tchekryguine et d’autres. Des dessins et objets créés des mains de Constantin Tsiolkovski font aussi partie de l’exposition. Le projet inclut aussi bien des oeuvres des célébrités de l’art russe contemporain – Ilia et Emilia Kabakov, Francisco Infante, Dmitri Goutov, Serguei Choutov, Constantin Batynkov, Youri Avakoumov et Aliona Kirtsova et Pavel Pepperstein – que celles de jeunes artistes tels qu’Ivan Mikhailov et Margo Trouchine.
L’exposition se compose de six volets. Le premier est consacré à Nikolaï Fedorov (1829-1903), grand philosophe dont l’enseignement se fonde sur la résurrection des humains après leur mort physique. Fedorov développe l’idée de cités cosmiques et de l’union des générations passées et futures. La conception du monde de Fédorov a une grande influence sur les philosophes et penseurs du XX siècle. On verra dans cette section des livres contenant l’enseignement de Fédorov en italien exposés aux côtés d’oeuvres d’artistes contemporains.
Le deuxième volet de l’exposition est consacré au grand scientifique russe Nikolaï Tsiolkovski (1857-1935), élève de Fédorov et fondateur de l’astronautique. On y verra une série de dessins de Tsiolkovski et la maquette d’un dirigeable. Dans la même salle sera projeté un film de science fiction soviétique – «Le Voyage cosmique », tourné en 1935, dont Tsiolkovski fut le conseiller technique, et le modèle du « Centre des énergies cosmiques » d’Ilia et Emilia Kabakov.
Le troisième volet est consacré à Casimir Malévitch (1879-1935) dont les oeuvres constitutent la base théorique du suprématisme, courant artistique basé sur les théories philosophiques du cosmisme. A côté des dessins de Casimir Malévitch, Vladimir Sterligov et Nikolaï Souétine sera exposé un objet créé par Constantin Tsiolkovski – « le tube auditif » – à l’aide duquel il communiquait avec le monde extérieur.
Le quatrième volet est consacré à Serguei Korolev, scientifique et constructeur soviétique qui a donné vie aux idées fondamentales de Constantin Tsiolkovski. Malgré les poursuites dont il est l’objet en 1938 et sa détention, ce scientifique de génie n’interrompt pas son travail consacré à la création d’avions. Grâce à ses idées et à son talent d’organisateur, pour la première fois au monde un satellite artificiel de la terre, puis un homme – Youri Gagarine -, sont lancés dans l’espace.C’est pour la première fois que sera exposé à Turin le dessin que Korolev a fait à une séance du conseil scientifique, « L’alunissage ».
Le cinquième volet de l’exposition est consacré à Ivan Efrémov, l’auteur du roman de science fiction « La Nébuleuse d’Andromède », oeuvre classique de l’utopie du communisme qui parle de l’avenir radieux. Ce roman est de nombreuses fois réédité en différentes langues et porté à l’écran en 1967.
Enfin le sixième volet est consacré au premier homme lancé dans l’espace – Youri Gagarine. Son affirmation « La force d’âme est la plus grande force de l’homme » devient un slogan pour les jeunes en Russie.
L’exposition se présente sous la forme d’une installation multimédia séparée en six salles cubiques qui rappellent la structure d’une station spatiale. C’est un dialogue incessant entre les philosophes, les chercheurs et les scientifiques russes de la fin du XIX-début du XX siècle, d’un côté, et les artistes du début du XXI siècle, de l’autre. Aujourd’hui la maquette du dirigeable et le tube auditif de Constantin Tsiolkovski qu’on peut voir dans les salles d’exposition de Castello di Rivoli sont perçus comme des pièces d’art actuel à part entière, ce qui montre une fois de plus que l’idée du cosmisme est toujours une des idées les plus importantes de l’art russe.
Le Cosmos Russe
Du 16 décembre au 20 février
Musée d’Art Contemporain
Castello di Rivoli
Piazza Mafalda di Savoia
10098 Rivoli (Turin)