Trine Søndergaard, photographe danoise née en 1972, a publié un nouveau livre intitulé « Stasis » chez Hatje Cantz, en lien avec des expositions au Museum on the Seam de Jérusalem (1 novembre 2013 – 28 février 2014) et à la Fotogallery de Cardiff (9 novembre 2013 – 25 janvier 2014).
L’ouvrage présente en alternance des portraits de femmes en vêtements traditionnels et des intérieurs abandonnés. Il regroupe 128 photographies couleur de format carré faisant partie de trois séries réalisées entre 2007 et 2013 : « Intérieur », « Strude » et « Guldnakke ».
Les « Intérieurs » photographiés sont de grandes pièces vides éclairées uniquement par la lumière naturelle provenant de fenêtres, de portes ou de velux. Il n’y a aucun mobilier et plus aucune trace de présence humaine.
En parallèle sont présentés des portraits de femmes, de jeunes filles et d’enfants. Les personnages sont souvent photographiés de dos ou de trois-quarts, le visage ainsi caché. Des ornements particuliers attisent la curiosité.
Dans la série « Guldnakke » (« golden necks » ou « cous dorés »), les chevelures en chignons sont ornées de coiffes dorées. Ces coiffes étaient des éléments traditionnels portés par les femmes qui voulaient bien paraître dans le milieu rural danois du XIXe siècle. Faites de matières particulièrement nobles, elles représentaient beaucoup d’argent et constituaient ainsi un signe ostentatoire de richesse.
Les personnages portants ces coiffes et photographiés par Trine Søndergaard portent également des bijoux et des vêtements mais ceux-ci datent des années 2000. On reconnaît des matières stretch, une dentelle synthétique ou un T-shirt avec un drapeau américain. Cela crée un fort contraste temporel mais pas nécessairement esthétique.
La série « Strude » montre des personnages vêtus de foulards, masques, cagoules, robes ou chemises de couleurs sombres et ornés de motifs. On voit souvent ici les yeux des modèles, mais leur regard ne peut pas être capté par le spectateur, étant fuyant ou dans l’ombre. Les vêtements semblent également historiques, mais sont-ils portés comme le veut la tradition (pour protéger les visages du vent) ou bien agencés comme pour une série de mode ? Un peu des deux, certainement.
L’ensemble constitué par « Stasis » est tout aussi magnifique que secret. On est dans la peinture, avec des visages faisant penser à ceux peints par Vermeer. On est au théâtre, au milieu de ces pièces vides comme en attente d’éléments de décor et de personnages qui les feront revivre. On est dans le calme, le silence, la retenue, l’introspection. On n’est ni dans le passé, ni dans le présent. On n’est ni dans le documentaire, ni dans la fiction.
Trine Søndergaard vit et travaille à Copenhague. Elle expose dans le monde entier et a déjà publié plusieurs livres chez Steidl, Hatje Cantz et Hassla Books. Elle est représentée par Martin Asbæk Gallery à Copenhague et Bruce Silverstein Gallery à New York.
LIVRE
Trine Søndergaard « Stasis »
Textes de Mieke Bal, design par Rasmus Rasmus Koch Studio
Editions: Hatje Cantz Verlag
Anglais
2013. 156 pp., 94 ills., 1 foldout, 28.80 x 32.70 cm, hardcover
ISBN 978-3-7757-3780-7
EXPOSITION
Du 1er novembre 2013 au 28 février 2014
Museum on the Seam
4 Chel Handasa St
Jérusalem
Israël
http://www.mots.org.il/Eng/Index.asp
