Quartier Borderouge Nord, Toulouse. Le paysage urbain y est en totale redéfinition et transformation: immeubles d’habitation, bureaux, salle de concert, magasins de proximité et… art contemporain.
A l’invitation du centre d’art BBB et avec le soutien d’une commande publique du Cnap, Alain Bernardini relève le défi de concevoir et d’installer des images pour et dans l’espace public avec une double “contrainte” : celle d’être évènementielle tout en étant récurrente, une proposition tout à fait innovante pour les usages de la photographies en extérieur.
Alain Bernardini est un habitué des séries impliquant les salariés dans leur propre univers et le monde du travail. Ce qui sous-tend sa démarche entamée dès les années 80, c’est de proposer ou d’attendre une proposition, qui mettrait en jeu autrement la représentation des personnes sur leur lieu de travail et sur leur lieu de vie.
Pour ce projet de commande publique baptisée Recadré, son souhait est de déplacer un peu plus la figure du travailleur, mais aussi celle du riverain : l’intention est de créer un lien entre un projet artistique singulier, les habitants et les usagers d’un territoire en totale reconstruction et modification.
La question de la photographie dans l’espace public lui permet de s’interroger et de proposer une autre manière de travailler : l’installation des photographies sur des portes-images installés dans la rue l’invite à réinvestir, au travers de ces recadrages, le sens des ses images, de manière à ce qu’elle ne véhicule pas de message, de signal direct comme le font le flot d’images publicitaires ou non qui submergent nos villes.
Quoi de plus représentatif de l’identité d’un quartier que les personnes ayant participé à sa construction et celles qui la font vivre au quotidien ?
« J’ai travaillé avec les salariés, qui ont occupé les chantiers, les entreprises, le marché, les commerces autour de la place Carré de la Maourine à une mise en scène négociée qui permet de redonner une identité singulière à la personne photographiée. Les recadrages dans cette mise en scène tentent de dessiner un nouvel espace, d’établir un dialogue étrange entre les personnes, les objets et les lieux (plus forcément identifiables). Un déplacement des choses et des corps par le glissement de la découpe dans l’image, fait advenir un état poétique imperceptible entre la personne salariée et son espace, que l’activité du travail occulte. »
Ainsi, entre 2014 et 2017, les photographies d’Alain Bernardini seront exposées sur des portes-images, tels ces panneaux habituellement publicitaires, implantés et fixés sur la place centrale de cet ambitieux projet de transformation urbaine, le “Carré de la Maourine”.
Deux résidences de création ont été prévues. D’abord en 2013, avec une immersion de l’artiste au sein des entreprises en charge de l’aménagement du quartier. Le fruit de cette première phase de création est exposée depuis le 1er octobre et sera renouvelé tous les semestres. Puis 2015 verra la réalisation de la seconde partie, avec l’implication des commerces, services publics, associations pour révéler l’émergence d’une vie de quartier.
COMMANDE PUBLIQUE
Recadrée. Porte-Image.
Borderouge Nord. Toulouse, 2013
Photographies d’Alain Bernardini
Installation dans l’espace public
2014 – 2017
Carré de la Maourine
Toulouse
France
Métro Borderouge.
