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L’heure immobile de Bernard Plossu, exposée à Toulon

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C’est tout un pan encore jamais montré en France de l’immense œuvre de Bernard Plossu que le public découvre ce printemps à Toulon. Ces 135 images inédites sélectionnées minutieusement font partie d’un travail mené depuis 1976 par le photographe quand, au retour de ses années de désert (Sahel et Ouest américain), il prit pour champ d’observation la Méditerranée, sans jamais s’arrêter…

Bernard Plossu, né en 1945 au Vietnam, a consacré sa vie à voyager et à photographier ce qu’il voyait. Du Mexique, dont les images sont si célèbres, en passant par l’Italie, chère à son cœur, jusqu’au Havre où il a su saisir la poésie de la ville, peu de régions du monde ont échappé à son regard à la fois cultivé et distancié.

Mais le photographe français entretient des relations privilégiées avec la Méditerranée. Cet espace mouvant, à la lumière crue et aux ombres pénétrantes, a beaucoup retenu ses pas. L’Espagne a même réussi à le garder quelques années, dans une petite maison d’Andalousie encore si présente dans sa conversation et ses rêves.

L’exposition présentée à l’Hôtel des Arts, centre d’art du Département du Var, raconte, à travers 135 images faites en Espagne, France, Italie ou Grèce, le dialogue qu’a mené Bernard Plossu pendant trente ans avec la métaphysique méditerranéenne. Une attention particulière sera également portée sur le rapport qu’entretient Bernard Plossu avec les livres auxquels il est si attaché. Une trentaine de livres sur la Méditerranée du grand photographe, pour beaucoup épuisés, seront présentés. Plusieurs vidéos et événements accompagneront l’exposition.

Il s’agit peut-être ici d’une Méditerranée faite de lieux déserts et flottants, dont on ne sait s’ils sont réels ou imaginés tant ils semblent mystérieux malgré leur apparence familière.
 Dans ces photographies, les choses les plus étranges peuvent à tout instant survenir. Les contraires peuvent se rencontrer ou le temps se modifier, s’étirer indéfiniment ou même s’arrêter, sans qu’une raison soit pour cela nécessaire.

Il s’agit bien sûr de voyages, mais ici, les photographies cherchent à saisir, plutôt qu’une odyssée, les moments d’attente, ceux qui se placent entre deux actions, deux endroits, deux temps, ces instants de transition qui deviennent parfois des passages entre deux mondes, deux consciences.

Ces télescopages d’univers, ces hasards magiques si chers aux surréalistes font de ces espaces mentaux un monde métaphysique dont l’apparente quiétude ne cache que difficilement la puissance d’évocation poétique.

Bernard Plossu a accumulé, sélectionné et précieusement conservé pendant ces longues années des centaines de photographies qui sont autant de dialogues avec la peinture, la littérature ou la photographie métaphysique. Il ne restait plus, pour le commissaire de l’exposition, qu’à choisir parmi ces voyages mystérieux, ceux que les profanes que nous sommes peuvent emprunter sans danger et quelques-uns, un peu plus risqués, pour ceux qui voudraient aller plus loin…

Chantiers, magasins, autoroutes, entrées de maison, wagons de train, usines, bords de mer ou de trottoir, deviennent alors des portes qui nous permettent de passer de l’autre côté du miroir.

Les horloges s’arrêtent alors afin de saisir le soupir du temps…

Ricardo Vazquez  

Ricardo Vazquez est directeur de l’Hôtel des Arts de Toulon où il vit et travaille.

 

 

Bernard Plossu, L’heure immobile
Du 20 mai au 18 juin 2017
Hôtel des Arts, centre d’art du Département du Var
236 Boulevard Général Leclerc
83000 Toulon
France

http://www.hdatoulon.fr/centre/

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