En 1948, le photographe de célébrités Tom Kelley a pris en photo une actrice sans emploi : nue, elle posait avec le bras tendu contre un fond de velours. L’actrice s’appelait Marilyn Monroe. La photo est devenue en 1953 la première page centrale du tout premier numéro de Playboy et avec le temps, l’un des nus les plus fameux de l’histoire. La photo est, selon les termes de Normal Mailer, « d’une beauté à couper le souffle ». Elle n’est que l’une des nombreuses images intégrant les archives encore inédites des nus visionnaires réalisés par Kelley entre les années 1940 et 1970 et présentés dans un nouvel ouvrage chez Reel Art Press.
Tom Kelley a débuté sa carrière en tant qu’apprenti dans le studio de l’instructeur en chef de l’école de photographie de New York, où il a parfait ses compétences en prenant en photo les familles de l’élite de Manhattan qui dominaient alors la scène sociale select. En quelques années, il a appris à maitriser les codes et techniques du métier, qu’il a appliqués à son travail via son oeil inné pour la composition. Avec ses prouesses techniques, son charme inaltérable et son bon caractère, il a vite été recruté par Associated Press, où il a pu élargir son réseau et asseoir sa réputation en photographiant les politiciens, les personnalités mondaines ou les stars de cinéma, avant d’installer son propre studio à Hollywood.
Si la grande majorité de son travail consistait à prendre des photos publicitaires pour l’industrie florissante du cinéma, il a développé dans ses nus un style qui lui était propre. Travaillant dans le cadre de commandes avec les actrices les plus audacieuses et belles du moment, il a pu rencontrer les femmes les plus séduisantes de la Côte Ouest, créant un portfolio d’un glamour impressionnant et qui devait avoir une grande influence. Kelley était à l’origine de centaines de séances particulièrement sensuelles, avec des mannequins inconnues comme avec les starlettes marquantes du moment, parmi lesquelles l’érotique Evelyn West, la ravissante Norma Brooks ou Mamie Van Doren, effrontément flamboyante. Kelley est ainsi devenu dans les années 1950 un véritable parrain des pin-up. L’auteur de l’ouvrage, Peter Dogget, explique à propos de l’évolution de son style : « Les portraits des années 1940 ont un air de classicisme… Vient ensuite l’époque de l’exotisme : peaux et fourrures de léopard, lingerie française et meubles d’un grand raffinement… Ensuite, à la fin des années 1960 et dans les années 1970, l’atmosphère est à la liberté… conformément à l’esprit de l’époque… Et puis il y a les photographies qui transcendent le genre dans lequel elles étaient censées s’inscrire pour rejoindre l’art expérimental, comme les portraits de poupées presque effrayantes qui semblent préfigurer les œuvres ultérieures de Cindy Sherman. »
Le studio de Tom Kelley
Publié par Reel Art Press
45£ / 75$