Le zinc grisâtre des toits, le ciel illuminé par les lumières orangées de la ville et les silhouettes des grands monuments qui se détachent à l’horizon. Sur les toits de Paris, les photographes peuvent aussi bien jouer avec les matières que les lumières, les formes que les mises en scène. Au Quartier Art Drouot, 17 artistes contemporains présentent leur interprétation des toits de la capitale française.
« Spontanément, j’ai une image très romantique des toits de Paris », raconte Joséphine de Rohan-Chabot, dont le travail est exposé à la galerie Chanoit. Pourtant, elle a pris le contre-pied de cette impression en travaillant sur la matière du zinc et le gris de l’ardoise. « Ce qui m’intéressait, c’était cette couleur grisâtre symptomatique de Paris, sans que mes images ne soient trop contextualisées », continue-t-elle. Sur les photographies de cette étudiante des Gobelins, vous ne verrez ni coucher de soleil, ni monuments de Paris. Pourtant, il se dégage des reflets dans les flaques d’eau et des nuances de gris une certaine poésie urbaine.
Sur ses clichés, on distingue des plaques de zinc photographiées si près qu’il est difficile d’identifier un toit parisien. Les couches grises superposées sont comme des plaques tectoniques qui se seraient déplacées. Elles sont striées des traces noires formées par le ruissellement des pluies parisiennes et la pollution citadine.
Joséphine de Rohan-Chabot cherchait « un résultat très abstrait ». Elle a donc recadré directement dans ses photos pour que l’on ne distingue que la matière. « Ca m’a fait tout de suite penser à Pierre Soulages. Mais attention, je ne me compare pas à cet artiste », rigole-t-elle.
Chez Arnaud Eluère, qui expose aussi au QAD, à la galerie Cour16, les toits de Paris se muent en catwalks pour défilés de mode. Ils les fréquentent depuis ses années étudiantes « pendant lesquelles moi et mes amis avions de grandes chances d’habiter au dernier étage », plaisante-t-il. De fil en aiguille, il photographie sur les toitures des modèles. « Je réalise aujourd’hui que toutes ces photos se répondent et qu’une série s’est dessinée malgré moi », raconte-t-il en regardant les planches qui viennent d’être accrochées.
La tour Montparnasse, Notre-Dame, la tour Eiffel ou les immeubles illuminés de Paris la nuit se trouvent toujours dans les arrière-plans de ses photographies. Mais les véritables sujets sont ces modèles qui semblent veiller sur la ville. Les toits métalliques brillent intensément, alors même qu’il fait nuit noire autour.
Tout comme Joséphine de Rohan-Chabot, il aime la matière du zinc, qu’il fait balayer d’une vive lumière blanche. « J’aime l’ambiance des toits juste avant la nuit, quand les lampadaires s’éclairent et illuminent les nuages parisiens. A ce moment, le bleu de l’obscurité répond très bien à l’orangé des éclairages de la ville. »
Alors Parisiens, n’hésitez surtout pas à lever les yeux au ciel.
Cécilia Sanchez
Toits mon Paris
Du 29 septembre au 20 octobre 2016
Quartier Art Drouot
12, rue Drout
75009 Paris
http://www.quartier-art-drouot.com
http://www.arnaudeluere.com
http://www.josephinederohan.com