J’ai toujours eu une grande affection pour les objets usés, abîmés, et une réelle fascination pour les stigmates du temps.
Les déchets sont eux aussi empreints d’une magie toute particulière. Les bidons, ces objets usuels et sans valeur sont utilisés comme tels par l’homme et jetés parfois, sans un regard, à la mer par inconscience ou paresse. Leur voyage à travers les mers est un parcours initiatique. Ballotés, imprégnés de sel et de vent, de mazout et de coquillages s’accrochant à eux, épuisés, cabossés, amputés, ils échouent enfin sur nos côtes, inertes, naufragés, toujours méprisés. Intouchables. Ils se sont pourtant lentement transformés pour devenir des entités errantes, guerrières, marines…
Parcourant depuis 5 ans les criques de l’île de San Pietro, été comme hiver, je les ai rencontrés. Ils m’ont parlé. J’ai photographié l’éclat de leur âme. Contenants inutiles devenus contenus, j’ai trouvé en eux humanité, émotion, noblesse, douleur et colère. Ce peuple étrange m’a entrainé très loin dans des temps beaucoup plus anciens.
Ils restent pourtant des morceaux de plastique, des objets vides qui encombrent la nature dont j’ai aussi cartographié les lieux et noté la date de nos rendez-vous. Ils sont le fruit de nos actes, le miroir de notre civilisation, notre mémoire car ils nous survivront.
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