Cette semaine, pour notre cinquième entretien avec Thierry Bigaignon, nous allons aborder les choix éditoriaux et artistiques de la future galerie. L’occasion d’évoquer avec le galeriste ses critères de sélection, sa programmation à venir après l’exposition inaugurale de Ralph Gibson, ses goûts et ses envies.
Nous suivons Thierry Bigaignon pendant huit semaines et publions une interview hebdomadaire jusqu’au vernissage de la galerie en juin prochain.
Quels sont vos critères quant au choix des futurs artistes de la galerie ?
Je ne me suis pas imposé de critères particuliers a priori. A la différence des musées qui ont un devoir de conservation et qui doivent faire fi de leur propre goût, les galeries ont plus de libertés. Je vais donc d’abord exposer mes coups de cœur. Ensuite, je crois que la relation que je peux avoir avec les artistes dont je souhaite exposer le travail est tout aussi importante que mon attirance pour leurs œuvres, l’idéal étant d’avoir un coup de cœur pour les deux ! Je ne me fais pas non plus une religion d’exposer uniquement le travail d’artistes émergents même si bien sûr je suis sans cesse à l’affût de talents nouveaux. Je crois en outre beaucoup en deux valeurs : l’exigence et l’éclectisme. J’espère créer pour la galerie une signature forte à travers des choix réfléchis et divers.
Où en êtes-vous de votre « line-up » 2016-2017 ?
L’année 2016 est pour ainsi dire bouclée. Je vais présenter de très belles choses ! Entre abstraction, street photographie, paysage urbain, photographie vintage et contemporaine, l’année sera en ligne avec l’éclectisme que j’évoquais. Je suis donc en train de travailler sur 2017 et je serai notamment à PhotoLondon cette semaine pour des rendez-vous en ce sens. J’ai par ailleurs rencontré récemment un artiste très intéressant qui porte un regard singulier sur les objets du quotidien. C’est un photographe qui travaille depuis longtemps mais qui n’a encore jamais exposé ses travaux personnels. J’ai très envie de les porter à l’attention de tous.
Quels sont vos artistes préférés, celles et ceux qui vous ont marqué ?
Il y en a tellement ! Lorsque j’ai rencontré Ralph Gibson je lui ai dit qu’il y avait deux photographes qui m’avaient particulièrement marqué, et ce, pour des raisons diamétralement opposées : Saul Leiter et lui ! Saul Leiter car il savait mieux que quiconque superposer les plans, et Ralph Gibson pour le génie dont il fait preuve à justement supprimer du cadre tout ce qui n’est pas essentiel. Outre ces deux maîtres de la composition, je dirais que pour des raisons très différentes, Ernst Haas, Andre Kertesz, Aaron Siskind, Joel Meyerowitz, Philippe Ramette, Gregory Crewdson ou encore Chema Madoz m’ont tous marqué à un moment ou à un autre.
Quel serait l’artiste dont vous rêveriez d’exposer le travail ?
Pour tout vous dire, exposer le travail de Ralph Gibson était déjà un rêve en soi et il en est de même pour le photographe que je présenterai juste après ! Cela étant, il y a certains artistes que j’admire particulièrement : ce sont ceux qui ont cette formidable capacité à monter des performances, à créer des œuvres dans la « vraie vie » (dans la rue, dans la nature…) puis à transposer ces œuvres en photographie. Je pense notamment à Georges Rousse qui propose depuis plus de trente ans un travail tout à fait exceptionnel. Mais on pourrait en dire autant de Nils Udo, de Christo & Jeanne-Claude ou même de JR. J’aime le fait d’ouvrir les perspectives, de créer des ponts entre des mondes a priori opposés ; c’est ce que j’ai toujours cherché à faire en tant qu’ « art advisor » et j’espère continuer ainsi avec la galerie.
EXPOSITION
Vertical Horizon
Ralph Gibson
Du 10 juin au 27 août 2016
Galerie Thierry Bigaignon
Hotel de Retz – Bâtiment A
9 rue Charlot
75003 Paris
France
http://www.thierrybigaignon.com
http://www.ralphgibson.com