Quatre semaines après la publication de notre première entrevue avec Thierry Bigaignon, nous allons aujourd’hui aborder l’aspect commercial de son activité. L’occasion d’évoquer le marché et d’évaluer les possibilités qui s’offrent à lui en tant que galeriste. Le compte à rebours est lancé, l’ouverture de la première exposition est à J-30.
Nous suivons Thierry Bigaignon pendant huit semaines, nous publions une interview hebdomadaire jusqu’au vernissage de la galerie en juin.
Comment voyez-vous le métier de galeriste ?
J’ai plus de choses à apprendre que de certitudes à répandre ! Ce que je crois en revanche c’est qu’il s’agit, avant toute autre considération, d’un métier de rencontres et de partage. Aller à la rencontre des artistes, comprendre leur vision, défendre avec force des points de vue singuliers et partager avec des clients l’émotion que l’on a soi-même ressentie à la découverte d’une oeuvre. Pour cela, il faut établir dès le départ, et entretenir ensuite, une relation de confiance avec les artistes comme avec les collectionneurs. Il faut parvenir à créer une sorte de relation tripartite satisfaisante dans laquelle chaque acteur (artiste, collectionneur et galeriste) apporte quelque chose à l’autre. Ensuite, je crois qu’il ne faut jamais perdre de vue qu’une galerie est un commerce. Il s’agit donc de faire des choix réfléchis, d’aller chercher le client, de le comprendre, de le servir et de le fidéliser.
Prévoyez-vous de faire des foires ?
Les foires sont aujourd’hui incontournables. Il se dit qu’il y en a trop, je ne sais pas. En tout cas, si l’on souhaite agir sur un marché globalisé il me semble primordial d’aller à la rencontre des collectionneurs là où ils sont. Cela dit, comme il faut généralement plusieurs années d’exercice à une galerie avant d’être sélectionnée pour une foire, il va donc falloir que je fasse preuve de patience. Mais j’essaierai quand-même d’être actif en la matière, voire pro-actif ! Et puis il y a internet, et là, on n’en est qu’au début. Il y a avec internet un nouveau champ de promotion et de distribution à investir, et certainement de vraies opportunités à saisir.
Comment évaluez-vous le marché ?
Je suis très attentif au marché mais je ne crois pas que la vérité soit dans les chiffres. Je ne pense pas que les études de marché soient si pertinentes en matière d’art. Je n’ai d’ailleurs jamais cru qu’il fallait donner aux gens ce qu’ils attendent. Je pense précisément qu’être entrepreneur c’est avoir une vision à proposer, c’est suivre son instinct et ensuite employer toute son énergie à convaincre les autres du bien-fondé de ses propositions, quitte à se tromper. Et je pense que c’est encore plus vrai sur le marché de l’art. Donc pour moi, le marché peut bien être en berne ou en boom, ça ne change pas le fait qu’il y a des artistes qui font un travail formidable et que ce travail mérite d’être vu.
Quel est votre objectif sur cette première exposition ?
Exposer le travail de Ralph Gibson 17 ans après la rétrospective que lui avait consacrée la MEP et présenter une série toute en couleur est très motivant. C’est un artiste exceptionnel et son retour à Paris, d’autant plus avec une série inédite, sera un événement. Je pense donc que ses admirateurs seront au rendez-vous et que les collectionneurs en herbe feront de belles découvertes. Cela étant, mon seul objectif pour le moment c’est de maîtriser les dépenses pour pouvoir agir sur le long-terme. Comme pour beaucoup de métiers de ce type, le plus dur c’est de durer, et comme je viens à peine de commencer, imaginez un peu l’ampleur de la tâche qui m’attend ! Mais à J-30, j’y crois dur comme fer !
EXPOSITION
Vertical Horizon
Ralph Gibson
Du 10 juin au 27 août 2016
Galerie Thierry Bigaignon
Hotel de Retz – Bâtiment A
9 rue Charlot
75003 Paris
France
http://www.thierrybigaignon.com
http://www.ralphgibson.com