Thierry Bigaignon est un français de 44 ans, il se lance dans un projet ambitieux, celui d’ouvrir une galerie à Paris consacrée à la photographie. Par les temps qui courent et avec un marché particulièrement difficile, ouvrir une nouvelle galerie à Paris relève du défi. L’emplacement, le choix de la programmation, les positionnements artistiques et marketing… tous les choix de Thierry seront déterminants à la réussite du projet. Nous allons suivre Thierry Bigaignon pendant ces huit prochaines semaines, jusqu’à la date de l’ouverture de sa galerie le 10 juin 2016*.
L’Œil de la Photographie : Pouvez-vous vous présenter, quel est votre parcours ?
Thierry Bigaignon : Je suis avant tout un passionné, un amoureux de la photographie qui aime partager ses émotions. Mon parcours est sans doute assez particulier, il n’est en tout cas pas celui d’un galeriste traditionnel, pour peu que cela existe ! Après des études en Sciences Politiques et en Histoire à Londres, je suis passé quelques années plus tard par l’ICP (International Center of Photography) à New York, où j’ai eu la chance de rencontrer de nombreux photographes et d’étudier auprès de maîtres comme Joel Meyerowitz ou Harvey Stein.
J’ai créé il y a 12 ans une agence assez unique en son genre dont la mission était, et est toujours, de créer des ponts entre le monde de l’art au sens large (photographie, art contemporain, cinéma, musique, théâtre…) et celui des entreprises. A bientôt 44 ans, il m’a semblé que c’était le bon moment pour faire un pas de plus vers la photographie.
ODLP : Pouvez-vous nous raconter la genèse du projet ? Comment en êtes-vous venu à vouloir créer votre propre galerie de photographie à Paris ?
TB : Persuadé que ce medium pouvait apporter une réelle valeur ajoutée pour nombre d’entreprises, petites, moyennes et grandes, j’ai développé depuis quelques années une offre spécifique en matière d’exposition in-situ (Prodelia Art). Avec une forte approche curatoriale, j’ai donc été amené à proposer le travail de nombreux artistes de talent (Maia Flore, Peter Funch, Cerise Doucède, Thomas Jorion, Clark et Pougnaud…) et à monter de très belles expositions. L’envie d’aller plus loin dans la présentation et la représentation d’artistes et le besoin d’être en lien direct avec le marché « réel » et les collectionneurs étaient trop forts pour y résister ! Il me restait à sécuriser le financement d’un tel projet et à trouver un lieu.
ODLP : Agathe Gaillard sera la marraine de votre première exposition, comment l’avez-vous rencontrée et comment l’avez-vous convaincue de parrainer votre projet ?
TB : Oui, j’ai une chance folle ! Lorsque l’on rencontre Agathe on ne peut que tomber sous le charme. Agathe Gaillard est bien plus qu’une galeriste visionnaire, c’est un véritable personnage de roman. Dès notre premier rendez-vous dans sa galerie, j’ai eu tout de suite envie de faire quelque chose avec elle. Agathe est une personnalité unique dans le monde de la photographie, elle a énormément contribué à l’éclosion de ce marché, il m’a donc semblé important et même urgent de lui rendre un tout petit peu. J’ai essayé de convaincre quelques personnalités du monde politico-culturel de nous suivre dans une idée d’exposition publique d’envergure en hommage aux photographes français mais ça n’a pas pris. J’ai alors patiemment attendu de pouvoir lui proposer un autre projet. Lorsque l’idée d’une galerie s’est précisée pour moi, j’ai bien sûr pensé à elle pour lancer ma première exposition. Qu’Agathe Gaillard ait accepté ce modeste « passage de relai » est un immense honneur pour moi.
ODLP : Comment vous positionnez-vous vis à vis des autres galeries parisiennes ? Et à l’international ? Que souhaitez-vous apporter de nouveau ?
TB : Je ne me positionne pas par rapport aux autres galeries. Je les connais bien, je les vois œuvrer depuis des années et j’ai un profond respect pour elles. Je n’aurai pas la prétention de penser que je puisse faire mieux. En toute humilité je vais d’abord apprendre et je vais tout simplement essayer de faire ce que je sais faire : suivre la création artistique, rencontrer et aimer les artistes et partager leur travail avec passion et enthousiasme. Je ne me mets aucun obstacle, je ne souhaite m’enfermer dans aucun style en particulier, ni apposer quelque étiquette particulière à la galerie. Les autres s’en chargeront ! Ce que je sais en revanche, c’est que mon parcours et mes goûts ont toujours été tournés vers l’international. Mes choix seront donc très certainement guidés par cela. Je crois beaucoup par ailleurs au mélange des genres, dans le fait de se jouer des codes et de bousculer l’ordre établi. Si je devais aller dans cette direction, ce ne serait peut-être pas tout à fait un hasard !
ODLP : La galerie ouvre dans 8 semaines, quels sont vos projets pour son avenir ?
TB : Mon projet principal c’est faire vivre un lieu. Une galerie commerciale certes, mais aussi un lieu de partage, ouvert sur l’extérieur. Je vais proposer des rencontres en tous genres, faire dialoguer les artistes avec leurs publics, inviter des « curators » externes, accompagner les amateurs dans leurs choix et si possible étonner les collectionneurs. Si je parviens également à innover un peu, et ce ne sont pas les idées qui manquent, ce sera formidable, mais tout cela se fera pas à pas.
* Nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine, pour une nouvelle interview de Thierry. Si vous avez des questions à lui poser, n’hésitez pas à les partager avec nous (par email info@loeildelaphotographie), nous les lui soumettrons dans notre prochaine interview.
INFORMATIONS
A venir – Galerie Thierry Bigaignon
Hotel de Retz – Bâtiment A
9 rue Charlot, 75003 Paris
France
http://www.thierrybigaignon.com