Rechercher un article

The Unbearable lightness of the 80s

Preview

Roman culte « L’Insoutenable légèreté de l’être » de Kundera (The Unbearable lightness of Being) magnifiquement porté à l’écran, a inspiré le titre de cette exposition du nouvel espace/ galerie de Photographie du Centre Pompidou, dessinant un panorama contrasté de cette décennie.

Souvenez-vous : les années fric, les années flambe, la pub reine, le disco, le cocooning, le rap, le strass, le kitsch, Beneix et Besson, Subway et Nikita, la movida madrilène, le thatchérisme britannique, la force tranquille du mittérandisme mais aussi le virus du Sida, l’aggravation de la crise et du chômage, la montée des extrémismes. Un tournant relayé par le champ de la photographie qui gagne sa légitimité et entre pleinement sur le marché de l’art, opérant un mélange réussi des genres et des pratiques jusque là très codifiées. Au centre de cet élan nouveau, l’accessibilité de la photographie en couleur, le Cibachrome et les grands formats de qualité et l’instantanéité du Polaroïd, comme le souligne Karolina Ziebinska-Lewandowska conservatrice au Cabinet de la photographie du musée (qui compte pas moins de 40 000 tirages).

Dès lors deux tendances antagonistes se dégagent : d’un côté le renouvellement du documentaire dans la mouvance de l’Ecole de Düsseldorf et la mission du DATAR, de l’autre l’émergence de nouvelles possibilités et stratégies offertes par les progrès techniques : hybridation, ironie, mise en scène, pastiche et charge critique, dans une optique résolument anti-documentaire. La photographie devient dès lors un objet d’art en tant que tel, son statut évolue avec l’avènement du post-modernisme. Une nouvelle génération d’artistes « néo-pictorialistes » (nom du courant d’amateurs éclairés des années 1900 qui part de Vienne) réhabilite la technique et rapproche photographie et peinture. Pierre et Gilles mais aussi Jean-Paul Goude ou Agnès Bonnot souhaitent ainsi dépasser les frontières communément acquises et s’emparent de la couleur pour faire exploser les cadres. Un concept émerge alors : l’artiste plasticien utilisant la photographie au même titre que d’autres médiums, comme le film ou la vidéo très présents dans le parcours. Si la commissaire a décidé de se concentrer sur l’Occident c’est parce que dans d’autres régions du monde la photographie reste en noir et blanc, faute des moyens technologiques apportés par une économie libérale.

Quatre sections innervent ce focus qui laisse une place à des photographes moins connus : le lieu du décor avec le duo Bazile Bustamante qui joue de l’ambiguïté entre la convenance et le superflu, la pratique des classes vues par Agnès Bonnot (la rue est colorée) Martin Parr (en quête de sa propre voie) ou Karen Knorr (les clubs anglo-saxons), la duplicité de l’artifice avec la video de Mark Wilcox ou les intérieurs de Présence Panchounette et Florence Paradeis (espaces très construits) et enfin, le paraître et les notions d’identité avec Ellen Carey, Henri Hergo (« les Mythos »), Jean-Paul Goude ou Unglee et son film expérimental « Radio-Serpent ».

Dès lors, sous cette apparente superficialité pointent l’inquiétude et le malaise de ces années 80 à travers cette approche forcément incomplète mais qui a le mérite de faire revivre sous nos yeux ce qui est devenu entre temps un mythe !
L’exposition est complétée par un colloque intitulé « Eighties, incomprises ? »(organisé avec l’association de chercheurs « Profession photographie ») le mercredi 11 mai autour d’autres courants emblématiques comme la culture underground.

EXPOSITION
L’insoutenable légèreté, les années 80
Photographie, film
Jusqu’au 23 mai 2016
Centre Pompidou – Galerie de photographies (-1)
Place Georges-Pompidou
75004 Paris
France
Accès libre.
https://www.centrepompidou.fr

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android