Lors d’un récent voyage en Utah, j’ai découvert cette communauté isolée au milieu désert, un monde surréel pour le visiteur étranger, et un endroit synonyme de profond bonheur pour ses résidents : quinze familles vivant à même un massif mur de rochers.
Au cours de mes multiples conversations avec les gens du cru, lorsque j’étais à la recherche de sites éventuellement dignes d’intérêt, certains avaient fait mention de cette communauté de polygames, éveillant ma curiosité, et je me mis à essayer de trouver un moyen de trouver cette communauté et d’y pénétrer.
Une fois que je découvris son emplacement, je pus y entrer grâce à un des fils de celui-là même qui l’avait fondé dans les années 70 – Enoch est désormais le leader de cette communauté. J’eus alors le privilège de partager leurs vies pendant une journée. Enoch avait hésité dans un premier temps, mais je lui expliquais que mon but en tant que photographe, pour les nombreux projets que je réalisais pour Humanitari, était simplement de portraiturer les nombreuses manières dont les humains décidaient de mener leurs vies. J’aime montrer les différents visages que peut montrer l’espèce humaine, et représenter combien l’environnement culturel et social, et les croyances peuvent produire d’extraordinaires variantes. J’explique toujours que je ne porte aucun jugement lorsque je photographie les univers et les existences des gens. Enoch comprit mes explications et m’accorda aimablement une journée pour capturer le mode de vie unique de sa communauté.
Ces clichés vous montreront à quel point leur monde est unique, mais une chose en particulier m’a particulièrement fasciné (même si ma vie et les leurs sont extrêmement différentes), c’est le bonheur visible de leurs enfants – dans chaque maison, dans chaque recoin de la communauté, j’ai vu des enfants dotés d’une insatiable curiosité, qu’ils soient en train de faire leurs devoirs ou de s’amuser dans la plus grande joie. Les familles vivent dans cette toute petite communauté, qui n’est pas seulement perdue au milieu d’un grand désert, mais sans raccordement à l’alimentation générale. Seuls des panneaux solaires couvrent leurs besoins en énergie, qui sont réduits du fait d’un environnement unique : leurs maisons sont creusées à même le roc de la falaise qui se déploie au-dessus d’elles, maintenant naturellement une température idéale hiver comme été. Leur eau courante vient d’un puits creusé sur place (qui nourrit un potager impressionnant) et ils reçoivent de la viande des fermiers alentour ; la communauté est totalement auto-suffisante.
Le père d’Enoch, comme Enoch me l’a expliqué, avait poursuivi un rêve dans les années 70 : il avait emmené sa famille dans l’Utah où il avait acheté le terrain sur lequel se tient l’énorme rocher que vous verrez sur les photos en dessous. Ils vécurent alors pendant des années dans des caravanes, avant qu’ils ne commencent à creuser à même le rocher ; les explosifs creusèrent des cavités suffisantes pour installer leur première maison qui n’était, dans les premiers temps, qu’une bâche de plastique séparant l’intérieur de l’extérieur. Alors que les années passaient et que la communauté polygame grandissait, ils construisirent les maisons que vous pouvez voir maintenant sur les images, jusqu’à obtenir ce petit village surréaliste creusé dans le roc – un endroit hors du monde, une communauté unique vivant selon ses propres croyances.
L’une des femmes d’Enoch m’a fait visiter les lieux – nous avons rencontré plusieurs familles, certaines en train de construire ou de finir leurs nouvelles maisons creusées dans le rocher, certaines se livrant simplement à leurs activités quotidiennes, et de nombreux enfants jouant et apprenant la vie selon une optique différente.
Les images qui suivent sont totalement inédites et vous introduiront à leur univers. Comme je le dis souvent, les gens murissent de différentes manières, mais le plus important est d’atteindre son propre bonheur ; même si cette communauté en particulier est très loin de mon mode de vie, je n’en admire pas moins sa capacité à produire le bonheur et l’harmonie chez ses membres.
Leandro Sanchez