Et Peter Wyss photographia Aurore Clément au dépourvu.
C’est lors d’un shooting improvisé et dans la lumière blafarde du matin que Peter Wyss a saisi Aurore Clément en larmes dans un exercice de pudeur. Le photographe n’a pas publié ces photos. Il les a remise à l’actrice dans un petit carnet noir devenu « compagnon de vie » dit-elle mais sans qu’elle ose le regarder.
Ce n’est que beaucoup plus tard qu’elle le confia à un de ses amis poète et écrivain. Il trouva les mots pour la dire. Textes et les images devinrent pour elle une révélation : « accorder à cet instant de ma vie où j’ai cessé d’être pour devenir, sa destinée véritable, fatale en un sens. »
D’où après l’homme qui marche de Giacometti celle qui va et « sans fin s’enfuit ». Les considérations existentielles, photographiques et poétiques se mixent afin de mettre à jour une sorte d’enchantement au coeur des désenchantements de la vie.
C’est beau et simple loin de tout logos ou imagerie sentimentaliste. D’où ce livre d’exception où la nudité (de l’âme) s’inscrit sur le visage parfait de l’actrice en dépit de ses larmes. Face à elle la rigueur est de mise : elle donne l’intensité à de telles prises et leurs traces à mesure que la femme qui forcément s’éloigne. Pour mieux se retrouver.
Rien de gratuit chez Wyss qui est tout sauf un paparazzo. Preuve d’une attention soutenue à ce qui arrive dans la cérémonie du présent et un saisissement où l’actrice part pour devenir dans un cheminement sans fin.
Jean-Paul Gavard-Perret
Aurore Clément – Une femme sans fin s’enfuit
Peter Wyss (photographies) et Mathieu Terence (texte),
The M éditions, Paris
Édition limitée à 500 exemplaires numérotés et 10 exemplaires de tête accompagnés d’un tirage unique (à choisir parmi 10 images différentes)
Design : Studio Des Signes
23x30cm
84 pages
ISBN : 979-10-95424-32-1
130,00 €
https://themeditions.com/
https://themeditions.com/catalogue/une-femme-sans-fin-senfuit