Le fleuve de Los Angeles coule sur plus de soixante-quinze kilomètres et traverse une métropole de plus de dix millions d’habitants. La plupart d’entre eux l’ignorent. Sur une grande partie de sa longueur, on ne dirait même pas un fleuve : ce n’est guère plus qu’un canal de béton que dissimule son environnement industriel. Lentement, les choses sont en train de changer, tandis que le réaménagement remodèle ses rives et que Los Angeles prend lentement conscience de la riche ressource qu’elle recèle.
Maintenant sept photographes ont monté une exposition ambitieuse qui met l’accent sur l’eau invisible qui existe parmi nous : The Los Angeles River : A City Runs Through It. C’est une magnifique exposition qui dément la réputation exclusivement urbaine de l’eau et nous montre une rivière beaucoup plus complexe, un endroit où les grands hérons et les oies canadiennes nichent dans les roseaux, ainsi que les canaux de béton sombre tant aimés des cinéastes pour leurs publicités de voiture, ou leurs scènes réalistes de poursuites et de danger.
L’exposition A City Runs Through It est en cours à la Galerie Keystone, un espace bien adapté aux images mais qui va bientôt fermer. Située dans un grand espace commercial avec quatre cloisons autoportantes montées au centre d’une grande pièce, la galerie offre largement assez de place pour montrer un bon nombre de photos, et en même temps créer un certain nombre d’espaces distincts, l’idéal pour une exposition de sept artistes.
Les artistes exposés sont Peter Bennett, Diane Pirie Cockerill, Maureen Haldeman, Mark Indig, Sal Taylor Kydd, Kevin McCollister et Keith Skelton. Chacun apporte son point de vue personnel sur le fleuve et cette variété d’opinions et de points de vue permet une exposition très distrayante. Mais elle s’avère plus que distrayante, comme on le voit dans une déclaration claire des artistes: « Dans un endroit où l’eau est précieuse, pratiquement aucun de ces millions d’habitants ne connaît son histoire, où elle commence ou se termine, sa fonction actuelle; ils n’ont jamais trempé leurs orteils dans son eau. En fait, le patchwork des institutions et des organismes qui contrôlent le fleuve ont rendu presque impossible d’y accéder sans intrusion. Aucune autre ville américaine n’a si complètement tourné le dos à une telle ressource. La plupart voient le fleuve (au cas improbable où ils remarquent ) comme une cicatrice hideuse sur le paysage; une autoroute dystopique polluée, presque dépourvue de présence humaine , qui traverse le cœur des ténèbres urbaines. Pourtant, le fleuve est aussi une étoffe culturelle riche en aspects visuels saisissants et posséde un potentiel illimité. Los Angeles n’aurait pas pu parvenir à sa forme actuelle sans transformer son fleuve en caniveau, mais la ville ne peut pas prospérer pleinement sans sa restauration au moins partielle; les plans et les fonds pour celle-ci sont actuellement en discussion.
Les images de l’exposition représentent le fleuve et ses rives proches et ont été prises de 2008 à nos jours, une période fascinante pour le fleuve. Durant cette période, le fleuve est passé de forme visuelle ignorée et d’embrassement pour l’environnement à une tabula rasa propre à intéresser les artistes, les activistes, les promoteurs et les urbanistes. »
Mon sentiment est que ces images ne pourront que gagner en pertinence à mesure que la rivière est remodelée. Elles constituent un superbe grand album de la rivière à l’heure actuelle, maintenant que Los Angeles prend conscience du trésor qu’elle contient.
EXPOSITION
The Los Angeles River – A City Runs Through
Attention derniers jours !
Jusqu’au 1er mars 2016
Keystone Gallery
2558 North San Fernando Road
Los Angeles, CA 90065
Etats-Unis
http://www.keystoneartspace.com/calendar/2016/1/9/rami-kim-keystone-gallery
Le texte et les photographies du vernissage ont été réalisés par Andy Romanoff – http://andyromanoff.zenfolio.com/