Les 18 et 19 mai, l’édition spéciale de la London Photograph Fair revient au grand hall du King’s College, adjacent à la maison Somerset. Le salon, qui coïncide avec Photo London, est le seul salon consacré à la photographie vintage au Royaume-Uni.
Il y a vingt exposants cette année, du Royaume-Uni, d’Europe continentale et des Etats-Unis, y compris Photos Discovery, Christophe Lunn, Richard Meara, Daniella Dangoor et Linus Carr. Les prix partent de quelques centaines d’euro pour monter à quelques milliers d’euro, avec des photographies de tout ce qui est original et bizarre aux chefs-d’œuvre de grands photographes tels que Baldus, Louis De Clercq, Gustave Le Gray, Alvin Langdon Coburn, Bill Brandt, Martin Munkasci, Erwin Blumenfeld pour en nommer quelques-uns.
Cette année, Linus Carr présentera une collection de photogrammes rares et des travaux expérimentaux réalisés par le photographe allemand Lou Landauer (1897 – 1991) dans les années 1930 et 1940. Carr explique. « C’est un matériel passionnant à presenter parce que Lou Landauer n’est pas très connue. Et il y a des raisons à cela. Elle était juive et ces photographies ont été prises après 1934, quand elle et son mari George Landauer ont émigré en Israël. Cela signifiait qu’elle était loin des grands centres internationaux de la photographie et puis vint le deuxième Guerre mondiale qui a mis fin au dialogue international au sein de l’ Avant-garde photographique. »
Lou Landauer est née Lou Levi à Cologne en 1897. Après son mariage avec George Landauer, elle a développé un intérêt pour la photographie et a étudié à la Staatliche Fotoschule München et ensuite chez Lette Verein à Berlin. George Landauer était le directeur du département de l’Agence juive pour la Palestine et directeur du Bureau central pour l’implantation des juifs allemands en Israel. L’année après la prise de contrôle par les nazis en 1933, ils ont quitté l’Allemagne et se sont installés à Jérusalem.
En 1936, Lou Landauer travailla comme productrice et caméraman au documentaire « Aufbuch der Jugend », réalisé par Eva Stern et Marta Goldberg. Elle a ensuite pris un poste d’enseignante dans une école d’art, Bezalel Hechadasch à Jérusalem. Où elle a trouvé la vie plus difficile, dit Carr. « Elle était pleine de passion pour la photographie mais les directeurs de l’école méprisait la photographie et ne la considérait pas comme un médium artistique approprié. Malgré ses protestations, ils ont interdit la photographie au programme scolaire. Ça n’a pas aidé qu’elle était une femme bien sûr. Elle a été obligée d’enseigner le sujet de sa passion pour ses étudiants à la maison. La plupart des travaux que je présenterai sont des photogrammes, réalisés entre 1936 et 1943. Elle les a fabriqués sans appareil photo, en plaçant fleurs, brindilles et pois de senteur directement sur du papier photographique. »
Les photogrammes remontent aux premiers jours de la photographie, à la seconde moitié des années 1830 quand William Henry Fox Talbot a placé des morceaux de dentelle, des plumes et autres objets directement sur le papier. Carr explique: « La technique a été reprise par la photographie Avant Garde dans les années 1920 et 1930, notamment par Man Ray et Lászlo Moholy-Nagy. Les photogrammes de Lou Landauer sont très différents. Man Ray et Lászlo Moholy-Nagy ont utilisé un ensemble d’objets fabriqués en série, tels que vis, ampoules et bobines. Lou Landauer s’est concentré sur la nature et fait ressortir les subtilités de chaque feuille, brin et herbe qu’elle utilisait d’une manière merveilleuse et mystérieuse. »