Dans un monde d’images essentiellement jetables, il paraît improbable que des centaines de personnes se rassemblent pour regarder des photos dont le choix est souvent aléatoire. Mais ce sont des images qui ouvrent des fenêtres sur d’autres mondes … le passé. Elles nous charment et nous enchantent en nous donnant des aperçus d’autres vies, et leur permanence nous rappelle ce à quoi nous avons renoncé pour notre liberté numérique.
La Société Daguerrienne s’est récemment réunie à Pasadena et ses membres ont passé plusieurs jours à des réunions et des discussions centrées sur des questions de collection et de conservation. Samedi après-midi il y avait une foire de la photographie, un endroit où les collectionneurs et les marchands pouvaient étaler leurs marchandises sur des tables. Comme l’a dit un membre, « On trouve ici le plus grand nombre de daguerréotypes en Californie depuis la ruée vers l’or ». Des milliers d’images du dix-neuvième siècle ont été exposées et proposées à la vente. Pour dix dollars on pouvait entrer, manier et explorer des photos faites dans les années 1840, 50, 60 et ainsi de suite. On pouvait imaginer la vie des personnes sur les photos, en trouver une qui vous attire, et peut-être ressortir avec pour étonnamment peu d’argent.
Les daguerréotypes peuvent être beaux, surtout ceux qui sont peints à la main, et les années apportent leur propre wabi-sabi. Chacun d’entre eux est unique, un moment non récurrent, une vie passée dont il ne reste que cet instant. Chacun est spécial comme peu d’images modernes peuvent l’être. Les daguerréotypes nous rappellent que les images peuvent être spéciales, peuvent être faites avec soin et véhiculer un sens qui dépasse « ce que j’ai mangé pour dîner la nuit dernière ».
Il y avait des images imprévues. Il y avait des surprises à voir dans les allées. Vers l’arrière il y avait une collection inédite, des daguerréotypes de la famille d’Ansel Adams – riche en histoire et en signification, et qui sera sans doute importante pour des musées, des chercheurs ou des gens à qui le passé importe.
Bien sûr il n’y avait pas que des daguerréotypes; On pouvait aussi voir des tirages, Ambrotypes, Calotypes, tirages platines et argentiques: des aperçus d’une Californie traversée de chemins de terre et dont les maisons n’étaient pas encore entassées les unes sur les autres. Je ne suis pas collectionneur. Je peux aimer un tirage sans devoir le posséder. Mais au moment même où j’écris cela, je regrette de ne pas avoir sérieusement envisagé l’achat d’un tirage platine du Mont Tamaulipas dans le nord de la Californie. Ses tonalités assourdies vont longtemps me hanter.
La magie est toujours vivante. Il y avait de grands Ambrotypes modernes, surprenants avec leurs surfaces teintées de bleu, et on trouve partout des photographes convaincus qui travaillent avec les techniques anciennes, de telle sorte que ces techniques font encore partie de la conversation photographique. Mais ce samedi après-midi était surtout consacré à des photographes disparus depuis longtemps et à leurs sujets presque oubliés – et à l’expérience unique qui consiste à les voir.
Le 7 novembre, c’était la vente aux enchères. Beaucoup d’images de grande qualité ont été offertes, et une partie des profits sera versée à la Société. Même si les enchères sont terminées, les images valent toujours le détour et nous les publions avec cette histoire. Leurs visages sont éloquents, leurs poses et leurs vêtements racontent des histoires qui me donnent envie d’en savoir plus. Peut être l’année prochaine…
INFORMATIONS
The Daguerreian Society 2015 Symposium Benefit Auction
Du 7 Novembre 2015
Pasadena, California
Etats-Unis
http://daguerre.org
www.andyromanoff.zenfolio.com