Adolphe Braun (1812-1877) était un photographe européen, surtout connu pour ses natures mortes florales, ses scènes de rues parisiennes et ses paysages alpins grandioses. C’est l’un des photographes les plus influents du XIXe siècle ; il a utilisé les innovations de l’époque concernant la reproduction des photographies pour exporter son art dans le monde entier. À la fin de sa carrière, il utilisait le médium photographique pour reproduire des œuvres d’art connues, contribuant ainsi à des avancées notables dans le domaine de l’histoire de l’art.
Il n’y a rien de plus difficile que de photographier les montagnes, qui présentent des problèmes d’accessibilité, de luminosité et de composition, comme l’explique Daniel Girardin dans la préface de Vertical No Limit, catalogue d’exposition de Lausanne, 2017, basé sur le postulat que c’est la photographie qui a inventé le paysage montagnard en le faisant découvrir au monde entier.
Jean Adolphe Braun est né à Besançon en 1812, fils aîné de Samuel Braun, officier de police sous Napoléon Bonaparte, et d’Antoinette Regard. À partir de la Restauration, alors qu’Adolphe était enfant, son père ne pouvait plus obtenir aucun emploi et la famille dut déménager à Mulhouse, grand centre de manufacture textile alsacien, près de la frontière allemande.
Le jeune Braun montrait des dispositions pour le dessin et lorsque, après un nouveau changement politique, son père put retourner travailler à Paris en tant que policier, Adolphe eut l’occasion d’étudier les arts décoratifs dans la capitale. Il créa alors sa première entreprise en 1834, un atelier de dessin d’industrie, et épousa Louise Marie Danet en novembre de la même année. En 1842, il publia une collection de motifs floraux dédiée à son riche ami Daniel Dollfuss-Ausset (1797-1870) et qui rencontra beaucoup de succès.
En 1843, après le décès tragique de sa femme le 22 juin, Braun vendit son studio parisien et retourna à Mulhouse avec ses trois jeunes enfants : Louise Marie Adélaïde, Adolphe Henri et Louise Joséphine. Là, il devint dessinateur en chef de la firme textile Dollfus-Ausset, maison qui fournissait des motifs pour textiles. C’est ce même Dollfus-Ausset qui organisa les premières expéditions de daguerréotypes dans les Alpes.
En Alsace, Braun fonda bientôt une nouvelle famille : il se maria avec Mélanie Baumann le 12 décembre 1843 et un fils leur naquit, Paul Gaston Braun (1845-1928). En 1847, il ouvrit son propre atelier à Dornach, dans la banlieue de Mulhouse, avec son frère Charles Braun (qui se maria avec la sœur de Mélanie, Sara Célie Baumann, le 17 janvier 1845).
Pour les besoins de l’entreprise, Braun commença à prendre en photo des fleurs, afin de composer de nouveaux motifs. Il utilisait la technique de photographie au collodion, nouvellement mise au point, ce qui lui permet de reproduire ses images à partir des plaques de verre. En 1855, il présenta plus de trois cents clichés dans un album, Fleurs photographiées. Ces images attirèrent l’attention à la fois des industriels et de la communauté artistique parisienne. Encouragé, Braun en réalisa un autre exemplaire pour l’Exposition universelle.
En 1857, Braun créa une entreprise de photographie, Braun et cie, et avec l’aide de ses fils, Henri et Gaston, et de quelques employés, il entreprit de photographier la campagne alsacienne. Ces images furent publiées en 1859 dans l’ouvrage L’Alsace photographiée, album ambitieux dont l’exemplaire le plus complet fut offert au nouvel empereur. Plusieurs furent également exposés au Salon de 1859. Les premières publicités apparurent dans La Lumière (ici le numéro de décembre 1859). En 1864, Adolphe Braun devint membre de la Société française de photographie. À la même période, ses relations commerciales avec les frères Gaudin, photographes parisiens, se dégradèrent dramatiquement, fait qui reste incompréhensible pour les historiens.
Dans les années 1860, le studio Braun et cie fonctionnait à la manière d’une usine, produisant sa propre énergie et tous ses matériaux, à l’exception du papier. C’était une entreprise hors du commun, conçue dans un but d’autarcie et produisant des milliers d’images stéréoscopiques des Alpes françaises, de l’Allemagne, de la Suisse, de l’Italie et de presque toute l’Europe. Braun fabriquait aussi des images panoramiques grand format de la campagne alpine, grâce à l’appareil pantoscopique inventé par les Anglais John Johnson et John Harrison.
À partir de 1865, Braun investit dans une nouvelle méthode d’impression au charbon, développée par le chimiste anglais Joseph Wilson Swan. Par la suite, il utilisa cette technique pour créer une série de scènes de montagne et de chasse grand format intitulée Panoplies de gibier. Il utilisa aussi cette méthode de double transfert pour photographier des œuvres d’art célèbres au Louvre, au Vatican et à l’Albertina, ainsi que des sculptures en France, aux Pays-Bas et en Italie. Cette entreprise fut couronnée de succès et dès lors le studio Braun se spécialisa dans la reproduction d’œuvres d’art.
Serge Plantureux
Serge Plantureux est un collectionneur de photographies français qui vit à Paris, en France.