Guillaume Hebert a obtenu avec cette série : « Updated Landscape » (une lecture dichotomique de paysage), le Prix du Public 2018 du Festival Circulation(s).
Au premier regard, nous hésitons. L’oeil oscille inévitablement entre le premier et l’arrière plan, la photographie et la peinture, avant de se poser sur l’ensemble, et d’y contempler la fusion des deux mediums créant un plausible trompe-l’œil. L’enchevêtrement des deux visuels est réalisé pixel par pixel, sans laisser le moindre interstice. La continuité de la peinture à la photographie est parfaitement maîtrisée et aboutit sur ce que Guillaume Hebert nome tableau photographique.
Pour l’artiste qu’il est, la photographie n’est que le prolongement de la peinture, et avec Updated Landscape, il nous en fait la démonstration.
Entre parenthèses, à contempler ses créations, nous pouvons deviner une certaine nostalgie de la peinture ancienne. Guillaume Hebert qui avait peint dans sa jeunesse déclare avec une pointe d’ironie qu’il est probablement un peintre raté, et que c’est pour cette raison qu’il s’est tourné vers la photographie.
Dans ses photographies, Guillaume Hebert insère donc des reproductions de peintures de maîtres, et invite indirectement tout regardeur à revisiter la peinture classique. L’amateur éclairé reconnaîtra les oeuvres de Jan Both; Hubert Robert; Philips Koninck; Jean-Honoré Fragonard; Eugène Delacroix; Albert Bierstadt; William Turner pour ne citer que ceux-là. Le simple quidam sera en mesure d’en apprécier leurs beautés partielles et d’y voir une certaine forme d’exotisme, avec toutefois l’option de se reporter au cartel de l’oeuvre mentionnant les références de la peinture utilisée.
Mais le plus important pour Guillaume Hebert est d’interloquer le public. La série soulève des questions esthétiques, sociétales et environnementales à travers la temporalité du paysage que l’homme a façonné au fil des siècles. Les paysages factices, idylliques ou naturels dans la peinture sont définitivement transformés par l’urbanisation grandissante de nos civilisations qui affecte notre perception. Selon Guillaume Hebert, la série Updated Landscape dépeint poétiquement une tragédie écologique et culturelle.