La galerie Kopeikin présente jusqu’au 18 mai Running, première exposition personnelle de Tabitha Soren. Des personnages qui fuient ou qui s’enfuient, dans un moment de peur primale dont on ignore la cause y révélent la beauté saisissante de l’instinct de survie. A la fois héros et victime, un homme, une femme, de près, de loin, est -ou se sent- menacé au coeur de la banalité de son quotidien, l’écrin de la réalité se fend pour laisser apparaître avec force et beauté la frontière ultime entre la vulnérabilité de l’existence et la force de l’être.
D’où vient votre photographie ?
T. Soren : Pour moi, une photographie est juste un autre espace où observer votre vie intérieure. Les Américains sont souvent trop pressés pour s’en préoccuper. Je suis moi-même souvent trop pressé. L’art est l’antidote. Je cherche également l’imperfection. Les choses qui m’émeuvent ou me captivent peuvent souvent être trouvées là où les choses se passent mal, ratent leurs ambitions.
Quand a lieu l’instant décisif pour vous ?
T. S : Une lumière spectaculaire est vraiment importante pour les photographies alors c’est le facteur qui décide plus ou moins de l’endroit où je me place, de la direction que je choisis et du moment. Chaque image est un mélange de lumière naturelle et de flash – tout comme les images forment une combinaison d’artifice et de mouvement incontrôlé. Il n’y a pas vraiment de moment décisif. Au lieu de cela, je prends clichés sur clichés, en laissant la puissance de l’accident prendre le contrôle.
Qu’est-ce qui a inspiré votre travail/votre série ?
T. S : J’essaye d’admettre la puissance du fictionnel – de l’artificiel – du fabriqué – dans mon travail. Fabriquer sans ironie – fabriquer dans le but de traduire une vision ou une vérité – est peut-être le talent que j’explore avec la photographie. The pictures are primal in a society that is not. All of the subjects have something at stake. They are ready for a course of action that only they can know. Some of them appear to be in grave situations, which opens to us the inward depths of our own lives, without being prescriptive.
Quel lien y a-t-il entre votre travail commercial et votre travail artistique ?
T. S : Une vérité émotionnelle, je l’espère. Et dans les deux types d’images, j’essaye de retraduire l’ampleur du monde non perçu en dehors du cadre.
Quelles sont les tendances photographiques actuelles selon vous ?
T. S : Pour moi, l’acte de photographier entretient un lien avec la manière dont nous gérons consciemment le jeu gigantesque de possibilités qui existent dans nos vies donc je ne me sens pas très concernée par les tendances.
L’expérience du monde a incroyablement changé, sa représentation a évolué ; le numérique devient-il indispensable dans le processus de création photographique ?
T. S : J’ai commencé à utiliser un appareil numérique pour cette série parce que je pouvais photographier à une cadence plus élevée, permettant aux coureurs des mouvements plus spontanés dans des environnements faiblement éclairés. Je suis plutôt à l’aise avec les deux procédés mais rien ne vaut le fait de réaliser, de manipuler et de regarder une impression argentique en noir et blanc.
Quelque chose à ajouter ? La réponse à une question que je n’ai pas posée ?
T. S : La musique m’a souvent donné l’impulsion de nouveaux projets photographiques. Mes images favorites de Running s’accordent avec un rythme dont j’espère qu’il sera également perceptible pour le spectateur. Les gens me demandent souvent ce qui arrivent aux coureurs dans ces images. Quelle est l’histoire ? Mes images sont évocatrices alors peut-être que même moi, je ne connais pas toute l’histoire. Mais j’ai la conviction qu’elles traduisent une forme de vérité.
Tabitha Soren est née dans une famille dont les membres travaillaient pour l’US Air Force et a grandi en voyageant à travers le monde. Elle a obtenu une licence en journalisme et politique à l’université de New York et a ensuite étudié la photographie à l’université de Standford et au California College of the Arts.
Propos recueillis par Séverine Morel
EXPOSITION
Du 13 avril au 18 Mai 2013
KOPEIKIN GALLERY
2766 S La Cienega Blvd.
Los Angeles, California 90034
(310) 559-0800
http://www.kopeikingallery.com