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T3 Photo Festival Tokyo : Where did this ‘masculinity’ come from?

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Parmi la myriade d’expositions dans le quartier de Yaesu, le T3 Photo Festival Tokyo propose un regard sur la fabrique de la masculinité par le biais de l’image.

Pensée par la curatrice Mika Kobayashi, l’exposition « Where did this “masculinity” come from? » fait écho au cinquantenaire de l’exposition-phare ouverte au MoMA en 1974 qui cherchait à rassembler et éclairer la foisonnante création photographique au Japon. Si l’exposition permit au public américain de saisir la pratique de Moriyama ou d’Hosoe, elle fut aussi. 13 artistes, 13 hommes et en creux le regard d’une vision de la photographie, de l’histoire de l’art, sinon de la société profondément disparate.

Avec un film de Kai Keijirio et un autre de Takata Fuyuhiko, la commissaire Mika Kobayashi a voulu non rétablir une erreur historique mais mettre l’accent sur des valeurs normatives masculines structurant sa société par l’image, la publicité, l’information publique, l’éducation comme la morale.

Clothed in Sunny Finery de Kai Keijiro dévoile des corps presque nus, habillés d’un linceul blanc (fundōshi), tous masculins, pris dans une liesse collective, à la frontière entre la communion, l’extase et le combat. Ces rituels frénétiques, proches du chaos rassemblent des dizaines d’hommes concourant en équipe ou seuls en plein hiver, dans le froid et l’obscurité. Sans être radicalement critique avec cette mise à l’épreuve masculine, le film témoigne d’un élan viriliste, du besoin musculeux de la preuve, de l’épreuve, de l’adrénaline qui induirait une forme d’épure et transcendance.

Le film de Kai Keijiro est toutefois juxtaposé avec celui plus ironique de Fuyuhiko Takata, intitulé Cut Suits. Quatre hommes enchevêtrés taillent leurs costumes en lambeaux dans des gestes sensuels et ciselés, prenant plaisir à la mise à nu de leurs corps, aux chiffons et lambeaux faits de leurs costards. La symbolique est particulièrement forte, dans une ville où la tenue de bureaux quadrille profondément les usages hommes et femmes. La juxtaposition des deux films dit aussi combien le regard masculin fabrique l’homme avant toute chose, moulé lui-même dans un carcan d’apparences.

La présentation des deux films précède tout un travail de recherches sur l’imagerie masculine, qui demeure probablement le point d’orgue de l’exposition. La masculinité sous l’angle visuel est regardée sous tous les angles : la bière et sa publicité ; l’homme dans la force de l’âge promis à un avenir radieux ; l’homme représenté comme un robot industrialisé, le docteur rutilant sûr de son bon droit… Dans la vitrine principale, l’image du samouraï puissant est elle aussi écornée, rendue risible sinon presque touchante par la juxtaposition de ses postures héroïques, parfois extrêmement sexualisées.

L’exposition témoigne d’une grande finesse et serait presque drôle si elle ne dévoilait pas le ressort d’une fabrique de représentations et de comportements virilistes et sexualisés, structurant la société japonaise comme en miroir les nôtres en Occident.

 

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