Le Boca Raton Museum de Boca Raton en Floride, en partenariat avec le Musée Hongrois de la photographie de Budapest, présente une vue d’ensemble de l’histoire de la photographie en Hongrie, à travers une sélection de plus de 30 œuvres, couvrant tout le XXe siècle, par des photographes comme André Kertész, László Moholy-Nagy, Brassaï, Robert Capa, György Lõrinczy et Sylvia Plachy.
En 1956, lorsque Sylvia Plachy a 13 ans, sa famille fuit la révolution hongroise pour s’installer à New York. En 1964, jeune photographe de 21 ans, protégée d’André Kertész, elle débute un lien nouveau avec la Hongrie, utilisant son appareil photo pour témoigner de ce pays. Sylvia Plachy évoque sa vie de photographe et le lien qui la rattache à sa terre natale.
Nancy McCrary : Comment est né votre intérêt pour la photo ? Pensez-vous que vous seriez devenue photographe, que vous veniez de New York, de Budapest ou d’ailleurs ?
Sylvia Plachy : J’ai suivi le cours facultatif d’Arthur Freede au Pratt Intitute, et voilà. Je savais ce que je voulais faire. J’avais cette boîte magique, un calme petit compagnon qui me permettait de transformer et de capter avec délicatesse les évènements insaisissables de ma vie. J’ai compris qu’avec un appareil, je pouvais non seulement saisir de minuscules bibelots, mais aussi un équivalent, un fantôme, un esprit des choses, où que j’aille. Je ne peux pas l’affirmer, car la chance joue souvent beaucoup dans une vie, mais je ne pense pas que je serais devenue photographe si j’avais vécu en Hongrie. Si mes parents ne m’avaient pas emmenée aux États-Unis, je n’aurais pas eu le courage ni l’opportunité de passer outre la pression de faire des choix pragmatiques.
Vous avez décrit les photos comme des « empreintes ou des fantômes d’une existence antérieure ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je cherche à photographier des gens et des endroits qui portent en eux la mémoire d’un autre événement et qui me mènent, tels des bornes, d’avant en arrière, dans le temps et l’espace, entre le rêve et la réalité. Je cherche des connexions viscérales, une sorte de chimie, une essence ou un éclat, l’esprit de la chose.
Vous avez raconté dans vos livres votre retour en Hongrie. Y aura-t-il bientôt un nouvel ouvrage ?
Peut-être deux ou trois, mais pour l’instant, ils tourbillonnent encore dans ma tête.
Pour ceux d’entre nous qui assisteront à votre exposé à Boca Raton le 11 décembre, pourriez-vous donner un aperçu de ce que vous partagerez ?
Mon intervention traitera notamment de The Hungarian Connection, mais la projection comprendra des images d’autres de mes promenades. Même si elles sont issues de situations différentes et que chacune renvoie à une réalité particulière, elles peuvent rimer entre elles, comme un bric-à-brac dans ma maison. Ma présentation s’intitulera Dancing With Ghosts (Danser avec les fantômes).
Pendant les cinquante années durant lesquelles vous êtes retournée de nombreuses fois en Hongrie avant de revenir chez vous aux États-Unis, qu’est-ce qui a changé le plus ? Qu’est-ce qui vous manque le plus ?
Rien n’est pareil. Le changement est partout, et plus rapide que jamais. Perdre mon lieu de naissance et mon enfance m’a laissé des stigmates intéressants, mais cette époque est révolue. Il y a eu, et il y aura, de nombreuses autres pertes avant la fin, et mon mari Elliot a raison lorsqu’il dit : « Tu ne peux rien y faire, alors pourquoi t’inquiéter ? »
Propos recueillis par Nancy McCrary
Nancy McCrary est rédactrice en chef du South x Southeast Photomagazine.
La photographie hongroise et Sylvia Plachy, « The HungarianConnection »
Jusqu’au 8 janvier 2017
The Boca Raton Museum
501 Plaza Real
Boca Raton, FL 33432
USA