«Les photos les plus simples sont les plus efficaces»
Depuis 1991, le prix Swiss Press Photo récompense le meilleur du photojournalisme en Suisse. Soutenu par la fondation bernoise Reinhardt von Graffenried, le concours décerne chaque année un grand prix. Il établit également une liste de gagnants dans des catégories aussi diverses que l’actualité en Suisse ou à l’étranger, la vie quotidienne, le reportage, le portrait et le sport.
Après la proclamation des résultats en janvier, le concours tourne dans toute la Suisse sous la forme d’une exposition d’une centaine d’images grand format souvent accompagnée de la présentation des lauréats annuels du World Press Photo. Cette double exposition fait actuellement halte au Château de Prangins, musée national suisse situé entre Genève et Lausanne.
Le gagnant du Swiss Press Photo 15, le prix principal, est le Lausannois Yvain Genevay. Le photographe du quotidien Le Matin a saisi à l’été 2014 une famille syrienne assise sur un banc de Domodossola, en Italie. Une image frontale, posée, en apparence banale. Un cadrage serré, un coup de flash pour déboucher les ombres. L’histoire était assez tragique comme cela, note Yvain Genevay, pour lequel «Les photos les plus simples sont les plus efficaces».
Les Jeneid ont quitté la Syrie en 2014. Lui est enseignant, elle mère au foyer. Elle est enceinte d’un quatrième enfant. En juillet, la famille est refoulée de Suisse vers l’Italie. En cours de route, la mère de famille se sent mal. Elle et son mari sollicitent l’aide des douaniers suisses à bord du véhicule. En vain. Elle perdra son enfant peu après être arrivée à Domodossola.
Lors de la prise de vue dans un parc, un petit garçon vient se placer sur les genoux de sa mère. Une place se dégage à la droite du banc, symbolisant l’absence de l’enfant mort-né. Jamais Yvain Genevay n’aurait osé mettre en scène cette métaphore du drame. Elle s’est présentée à lui au moment de déclencher, simplement. Une photographie sobre, à rebours des tendances actuelles à la dramatisation algorithmée.
Notons encore le formidable reportage, lauréat de la catégorie « Reportage », du Genevois Jean Revillard sur les électrosensibles. Ces personnes malades des ondes électromagnétiques diffusées par les lignes à haute tension ou les antennes de téléphonie portable. Certains électrosensibles se réfugient dans des « zones blanches », sans ondes, des Alpes françaises, cherchant à se protéger d’un ennemi invisible dans des grottes, sous des treillis métalliques, dans des caravanes transformées en cages de Faraday. Au contraire du prix principal, cette série de portraits revendique sa mise en scène. Elle n’en est pas moins convaincante.
EXPOSITION
Swiss Press Photo 15
Jusqu’au 31 janvier 2016
Château de Prangins
1197 Prangins
Suisse
http://www.nationalmuseum.ch/f/prangins