Le graffiti est l’expression ultime de l’éphémère, du ici et maintenant. Il qui disparaîtra dès demain au cours de ce jeu du chat et de la souris avec les brigades anti-vandalisme, les propriétaires d’immeubles, et les autres graffeurs qui naviguent dans un monde où se croisent l’art, la politique, et les enjeux légaux. À une époque, New York était couverte de gribouillages, de tags et de graffs qui remplissaient toutes les surfaces que vous pouviez imaginer.
Cela commença dans les rues puis s’étendit aux trains, avant d’atteindre les autoroutes, les vans et les camions et, au final, les tableaux, les galeries d’art, les musées et les maisons de vente aux enchères. Le graffiti est devenu l’une des sources les plus évocatrices d’expression anti-sociale, un moyen d’être aussi bien admiré que détesté du grand public.
Mais au fil des années, New York a réussi à bannir progressivement cette forme d’expression publique en augmentant les amendes et en menaçant de prison les contrevenants ; des procès furent intentés et des jeunes jetés en prison. C’en est arrivé au point où les trains et les bus sont redevenus vierges d’inscriptions, et les rues aussi propres que l’image immaculée que New York veut maintenant projeter, celle d’un havre pour les investisseurs étrangers et les privilégiés.
Et il fallut pour les pratiquants s’adapter pour poursuivre leur rêve ou disparaître, selon les principes du darwinisme social. Mint&Serf, plus connus sous le nom de The Mirf, ont tenu en équilibre sur le fil entre le commercial et l’illégal toutes leur vie. Ils ont reçu des commandes de clients aussi divers que les New York Yankees, le Ace Hotel et Marc Jacobs, tout en ayant des studios en centre-ville grâce au soutien de Red Bull.
Mais le travail commercial ne représentait pour eux qu’une aventure : l’art était leur vrai muse, et The Mirf en sont revenus là où tout avait commencé. Le graff. Le tag. Le test ultime. Marquer la surface, la peindre, délivrer son message. Mais les artistes mûrissent et ouvrent leurs esprits, et The Mirf ont effectué un tour complet de la question avant de ramener les murs à l’intérieur. Ils peignent sur des toiles jusqu’à ce que la peinture devienne épaisse et prenne son indépendance, commence à vivre et à respirer dans l’espace.
Les toiles se remplissaient de couches au fil des jours et des nuits et des flux de pensée qui les traversent. Et à mesure que les toiles s’additionnaient, un livre est né. Support. Therapy and Instability: Works by Mint&Serf, réalisé en collaboration avec Jacuzzi Chris, Pablo Power et The Peter Pan Posse (Special Graffiti Unit) comprend des textes de Cat Marnell, Carlo McCormick, et Peter Pan. Publié en conjonction avec l’exposition au Bleecker Street Arts Club, visible jusqu’au 22 février 2014, Support. Therapy and Instability est plus qu’un simple catalogue de peintures : c’est aussi une collection de photographies qui nous emmènent derrière les œuvres brutes et à l’intérieur du collectif. Les photographies reflètent l’énergie réfléchie et malgré tout sauvage de ces peintures elles-mêmes.
Lire l’article dans son intégralité dans la version anglaise de l’Œil
http://www.mintandserf.com/
http://bsacny.com/exhibitions/16/overview/
http://missrosen.wordpress.com
