Steven Poster, directeur de la photographie, photographe et collectionneur.
Steven Poster est un cinéaste, surtout connu pur son travail sur Donnie Darko, Someone to Watch Over Me (Traquée), et plus de cinquante films et émissions de télévision. On connaît moins sa passion pour la photographie de rue. Poster est photographe depuis très longtemps, de nombreuses expositions en musées et en galeries attestent de son amour pour la photographie noir et blanc. Son œuvre photographique, visible sur le site http://www.edgeofconsciousness.com, est aussi différent que vous pouvez l’imaginer de son travail cinématographique et pourtant les deux sont guidés par sa vision du bon endroit et du bon moment. Steven est aussi un fervent collectionneur des clichés des autres. Sa maison est remplie d’images emblématiques qu’il a collectionné tout au long de sa carrière. Elles témoignent de l’engagement de toute une vie. Nous avons pu parler dans sa maison d’Hollywood Hills.
Andy Romanoff – quelle est la première impression que vous ayez achetée et comment l’avez-vous achetée ?
Steven Poster – C’est celle-ci (il pointe une impression au-dessus de sa tête). Je travaillais sur une production à Toronto et je me suis marié à une femme qui était amie avec la plus importante marchande de photographies de Toronto, Jane Corcoran. Nous sommes allé à sa galerie un dimanche et elle commença à me présenter sa collection privée. Elle me montra cette photo et je lui demandai à combien elle était et elle me dit deux mille quatre cents et je me suis dit que c’était beaucoup plus abordable que ce que je pensais. Nous avons continué à regarder ces impressions et rapidement elle en est venue à me montrer une autre photo, un portrait absolument magnifique de deux femmes avec leurs cheveux blonds s’entremêlant et je lui ai demandé ce que c’était. Elle m’a répondu que c’était une photo de Man Ray et qu’elle était à dix-huit cents dollars et une nouvelle fois je me suis dit « eh bien c’est abordable ».
Cette nuit-là, je tombais sur une de nos actrices qui quittait la ville le lundi. Elle mentionna qu’elle cherchait un cadeau pour son mari, un photographe, et je lui dis « tu sais, il y a cette image de deux femmes, je pense qu’il l’aimerait » et je lui dis où elle pouvait la trouver et qu’elle était à seulement dix-huit cents dollars… Je lui dis de me laisser un mot sous ma porte avant de partir si elle l’achetait. Dans la nuit de lundi, je rentrai chez moi pour trouver un mot qui disait : « Tu avais absolument raison, c’est une photo somptueuse mais tu te trompais à propos du prix. Elle était à dix-huit mille dollars, mais je l’ai achetée quand même ! » J’appelai donc Jane Corcoran et lui dit « A combien était ce Kertész » et elle me dit « deux mille quatre cents mais puisque vous avez fait une vente pour moi je vous le fais à deux mille cent ». Je l’ai donc acheté et ça a été le début de ma collection.
AR – Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette image ?
SP – Même si je n’étais pas encore un collectionneur, j’étais attiré par certains photographes et André Kertész en faisait partie. C’était en quelque sorte le père du genre de photographie de rue que je voulais réaliser.
Andy Romanoff
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