Le commencement
J’ai commencé la photographie bien avant d’être photographe. En 1957, j’ai intégré la Worthing Art School pour devenir peintre. C’était mon rêve, mais en 1959, je suis tombé sur un annuaire de directeurs artistiques américains à la bibliothèque du College, qui m’a donné envie d’être graphiste à la place. Alors j’ai changé pour la Brighton Art School. Et c’est là que j’ai rencontré Dermot Goulding qui enseignait la photographie un après-midi par semaine. Il changea complètement ma vision des choses. Il montrait que la photo pouvait être aussi excitante que la musique, et ses photos étaient emplies de poésie et d’émotion.
Il me montra également ce qui se passait à la Royale College of Art de Londres, et toutes sortes d’illustrations et imageries merveilleuses qui aujourd’hui encore, ont une très grande influence sur mon travail. Il nous envoyait prendre des photos dans la rue. On ne connaissait rien de la technique, mais personne ne s’en souciait.
On utilisait des films bon marché que l’on coupait et que l’on chargeait dans des cartouches métalliques de 35 mm. Les étudiants en photographie avaient lancé un style.
Le film que l’on utilisait était contrasté et texturé et une fois imprimé sur de l’excellent papier Agfa 4, les images devenaient percutantes et splendides.
Cette photo de ma petite amie Diane, a été prise avec un petit Samoca 35 mm que j’ai toujours. Mes parents me l’avaient offert pour mon 21ème anniversaire avec une guitare Hofner senator.
Le début de la mode, 1968
Le groupe dans lequel j’étais avait décidé d’arrêter pour la journée. Après ça tout ce que je savais, c’est que je ne voulais pas faire d’heures de bureau. Un jour alors que je descendais Frith Street à Soho, je vis un ami de la Royale College of Art. Lorsque je lui racontai ce qui s’était passé, il me dit simplement : « pourquoi n’essayerais-tu pas la photographie de mode ?
L’idée m’avait effleuré l’esprit le matin-même alors ses mots firent tilt.
Zandra Rhodes était une bonne amie du temps où j’étais au College. Un jour je me rendis chez elle pour le thé et je fus étonné de voir que toutes ses affaires venaient de Woolworths. Non seulement elles étaient d’occasion mais elles étaient réutilisées d’une manière fantastique. Je m’y rendais à mon tour accompagné de deux de mes amis. Sandy qui était mannequin, et Jacky Bowstead, un autre étudiant du College. On a pris tous les vêtements de la boutique, puis on s’est rendu chez Zandra prendre des photos de mode spécial Woolworths.
On s’est vite rendu compte que les seuls vêtements qu’ils avaient étaient des sous vêtements d’écolière et des rollers. Alors c’est ce qu’on a pris.
Ces images sont les images que nous avons prises cet après-midi-là.
Lorsque j’ai récupéré le film, j’ai décidé de l’emmener au magazine Nova, pensant que peut-être j’y trouverais du travail.
Il n’y avait qu’un assistant à la section artistique ce jour-là alors j’ai laissé les photos sur une table lumineuse avec mon nom et mon numéro de téléphone.
Puis un jour le téléphone a sonné, c’était Brigid Keenan, l’éditrice de la section beauté de Nova. Elle avait aimé les photos et voulait en utiliser une. Elle me demanda de refaire une séance photo, cette fois en studio pour compléter l’histoire de Zandra Rhodes.
Ne connaissant rien sur les studios, j’ai appelé Peter Webb, que j’avais rencontré lorsqu’il était venu photographier le groupe.
Il était devenu un bon ami, et il était un excellent photographe de studio. Pouvais-je utiliser son appartement ?
J’ai photographié ma première histoire de mode dans son studio. Il m’a tout montré. J’ai ensuite rencontré Leon Doffman qui est devenu mon agent et mon meilleur ami, et avec Dermot Goulding, ma plus grande influence.
C’est lui qui m’a conseillé d’aller à Paris.
LIVRE
Beyond Blonde
Steve Hiett
Textes de Philippe Garner
Edité par Patrick Remy
Prestel (November 9, 2015)
Couverture rigide, 280 pages
Anglais
ISBN-13: 978-3791381800
60€
http://stevehiett.fr