Phaidon publie l’édition revue et augmentée de Surfaces Américaines, la série photographique culte de l’américain Stephen Shore, qui a révolutionné les codes de la photographie moderne, il y a près d’un demi-siècle. Ce volume enrichi comporte des dizaines de clichés encore jamais publiés ainsi qu’un brillant essai signé par le critique, conservateur et photographe de renom Teju Cole, qui porte un regard actualisé sur cette œuvre de référence.
Shore est aujourd’hui l’un des photographes vivants les plus influents de son époque, et considéré comme le pionnier de l’utilisation de la couleur dans la photographie d’art. Tout commence en octobre 1972, quand ce familier de la Factory expose pour la première fois Surfaces Américaines, une série de 174 photographies, au format carte postale, prises lors d’un road trip à travers l’Amérique des années 70. Témoignant d’une réalité brute et crue, les photographies s’attachent à retranscrire, sans recherche esthétique, la banalité du quotidien : stations-service, vieilles voitures, panneaux publicitaires, épiceries de banlieues ou chambre de motels crasseux… L’ensemble de ces clichés, présentés sans cadre et montés avec du ruban adhésif sur le mur de la Light Gallery à New York ne manquent pas de dérouter la critique. L’utilisation par Shone de la couleur, jusqu’ici réservée aux photographies publicitaires, vient bouleverser les codes qui ne reconnaissent à l’époque que la photographie d’art, en noir et blanc.
Shore s’expliquera plus tard sur sa démarche, en rupture totale avec la photographie artistique du moment : « Je voulais prendre des photos qui semblent naturelles. Je pense que tout le monde est conscient du fait qu’on écrit souvent d’une manière différente de celle dont on parle et que le langage écrit peut parfois sembler plus guindé, avec même un vocabulaire différent. Ce que je cherchais c’était justement de faire des images aussi spontanées que le langage oral. Alors, un peu au hasard des moments, chaque fois que j’y pensais, je prenais ce que nous appellerions aujourd’hui une capture d’écran de mon champ de vision. »
Malgré des premières critiques défavorables, le conservateur Weston Naef achète l’œuvre dans son intégralité et finit par en faire don à la collection du Metropolitan Museum of Art. Au fil des années, la série ne cesse d’être exposée et commentée à travers toute l’Europe et les États-Unis. Surfaces Américaines est aujourd’hui considérée comme une œuvre majeure et inspirante, autant par sa démarche esthétique d’avant-garde que par son apport documentaire sur une certaine société de consommation de masse et son rythme effréné.
C’est plus que jamais le moment idéal pour découvrir ou se replonger dans le travail de Stephen Shore. À l’ère du tout images, des réseaux sociaux et notamment d’Instagram (que Shore utilise quotidiennement), qui conduit tant de monde à valoriser la banalité du quotidien par des « captures d’écran de leurs propres champs de vision », cette réédition suscitera sans aucun doute de nouvelles réflexions sur l’art, le réel et le sens de la photographie documentaire.
A propos des auteurs
Stephen Shore est l’un des photographes contemporains les plus influents. Ses clichés des années 1970, réalisés à l’occasion de périples à travers les États-Unis, ont fait de lui un pionnier de la photographie couleur. Il dirige le programme de photographie au Bard College à New York.
Teju Cole est romancier, photographe, critique et conservateur. Il enseigne l’écriture créative à l’université d’Harvard.
Stephen Shore: Surfaces Américaines
Stephen Shore et Teju Cole
Publié par Phaidon
350 illustrations couleurs
256 pages
210 x 245 mm
ISBN: 978 1 83866 138 0
Relié 59,95 €