Pour cette première exposition de l’année, la galerie Esther Woerdehoff présente des tirages vintages de Stephen Shames, grand photographe documentaire américain né en 1947.
Les jeunes que Stephen Shames photographie à la fin des années 70, dans le meilleur de la tradition photographique documentaire américaine sont nés pauvres en Amérique, abandonnés par les adultes et les institutions, en proie à la violence de la société. Stephen Shames devient leur porte parole. Par ses photographies et leur diffusion, en particulier sous forme de livres au propos engagé, il insiste sur l’idée que c’est la pauvreté qui est à l’origine de l’ensemble des problèmes sociaux et des comportements criminels.
Projetés dans l’âge adulte, sans protection, les très jeunes gens que Shames photographie en témoignent, sans pathos ni mise en scène. L’engagement social et politique du photographe, qui commence sa carrière dans les années 60 comme chroniqueur du Black Panther Party, s’affirme dans ces reportages, souvent réalisés sur plusieurs années. Le photographe vit à leur côté et enregistre la densité dramatique de leur quotidien, dans des photographies noir et blanc pleines d’émotions et de force brute.
Né en 1947 à Cambridge dans le Massachusetts, Stephen Shames a fait ses études à l’Université de Berkeley, en Californie. C’est à l’âge de 19 ans, lors d’une manifestation à San Francisco contre la guerre du Vietnam, qu’il rencontre les futurs fondateurs du mouvement des Black Panthers. Il commence à photographier le mouvement, dans tous ses aspects, et en sera le principal chroniqueur pendant sept ans. En tant que photojournaliste, Stephen Shames considère la photographie comme une arme de libération, comme un moyen de lutter pour la justice et l’équité sociale. Au cours de sa longue carrière, il documente la vie des plus pauvres, les populations les plus délaissées et la jeunesse qui tente de vivre et de grandir dans des environnements durs et hostiles. Selon ses propres termes, son approche photographique consiste à donner une voix à ceux qui en sont privés. Il s’intéresse en particulier à la pauvreté des enfants et aux questions raciales ou carcérales pour attirer l’attention sur les problèmes sociaux aux États-Unis, comme l’ont fait avant lui des photographes comme Lewis Hine, Jacob Riis ou Marion Post Wolcott.
Stephen Shames a reçu de nombreux prix pour son travail et ses oeuvres sont conservées dans les plus grandes collections publiques. En 2015, le Musée Nicéphore Niépce a présenté une exposition rétrospective de son travail permettant de mieux faire connaître ce grand photographe américain au public européen.
Florence Pillet
Stephen Shames : Vintages
29.01 – 07.03.2020
Galerie Esther Woerdehoff
36 rue Falguière
75015 Paris