Son nom : Stéphane Kossmann. Il est le fondateur et le président des Nuits Photographiques de Pierrevert et des Nuits Photographiques d’Essaouira. Il est photographe aussi et c’est Bernard Plossu qui vous le présente. Ces photographies sont tirées du livre « We met in Cannes », maquette de Peter Knapp, préface de Jean-Francois Couvreur et publié par la fondation Auer/Ory en 2017.
Je me suis toujours demandé comment ça doit être d’être en train de faire des photos pendant le festival de Cannes… Que verrais-je là ? Mon monde n’est pas là, mais justement, quand j’ ai vu les livres de Stephane Kossmann le photographe, qui lui y va tous les ans, je les ai regardé avec attention : d’abord ce qui saute aux yeux, même plus que les « stars », c ‘est à quel point c’est vraiment du noir et du blanc, et pas du gris, à part 2 ou 3 photos.
Aussi, ce qui semble clair est qu’il doit surement être accepté et même bien perçu par tous ces gens qui pourtant sont entourés de photographes et qui voient là ce géant, parce que Kossmann est très grand, donc très visible, qui les suit, l’ air de rien, et hop clic une photo. On ne peut pas ne pas le voir, et ça m’a toujours semblé intéressant qu’un photographe arrive à se rendre… invisible ! or lui, là dans ce monde fou, ou une certaine angoisse doit planer, il semble y parvenir …
Bon, il y a des « stars », certes, mais pas que ça. Et puis même, justement, comment montrer une star sans faire de la photographie « people » ? je dirai que il y a de la tendresse, oui, dans ses photos de gens pourtant archi-connus, qui doivent, des fois, en avoir ras le bol d’être photographiés… Il cherche la photo , mais il y arrive par la tendresse et pas par le voyeurisme.
L’ autre jour, alors que je venais de recevoir son livre, une amie du milieu cinéma, calée et passionnante, réagit en le voyant, à la seconde : « Je n’ aime pas du tout ! » Allons bon, voilà un jugement bien rapide ! et je me demande si je n’ écris pas ce texte en défense de Stéphane car je sais que :
– il est sincère et ne « profite » pas de la situation pour se faire connaitre !
– et que je trouve ses photographies vraiment intéressantes dans la mesure où elles me donnent une vraie dimension humaine de ces gens qu’on ne voit que comme des inapprochables !
Ce n ‘est pas possible qu’il les photographie sans qu’ils lui donnent quelquepart leur accord visuel ! Regardez la merveilleuse photo de Clint Eastwood et Catherine Deneuve, quelle tendresse ! Kossmann dit bien là sa raison d’être photographe ! Quant à la photo très « star » de Julia Roberts, elle parle de toute cette ambiance de foule. Le portrait de Meryl Streep est d’une grande beauté discrète, bouleversante.
Et justement, entre le style de son noir et blanc, et les moments saisis, je le trouve tout à fait authentique. Il a besoin de la photographie pour vivre, pour vivre ce drôle de rêve que doit être ce festival, qui moi me terroriserait ! (plus la peine que je pense à y aller !) Que dire de plus ? je ne suis pas don Quichotte, mais avec les années, j’ aime vraiment toujours de plus en plus la photographie des autres. Là, ces images sont tellement étrangères à mon monde que je les regarde sidéré, mais je sens que j’ai devant les yeux des vraies photographies, c’est à dire qui ne mentent pas.
Bon, j’arrête, mais cette expérience est d’ autant plus forte que ce monde m’est inconnu, et que du coup, je le découvre un peu mieux, je découvre mieux qui ils sont, ces gens qu’il a photographié sur le tapis rouge le plus abstrait du monde en noir et blanc !
Bernard Plossu