« Mon travail photographique a toujours eu pour point de départ le corps et la pierre, deux éléments récurrents dans mes images depuis maintenant plusieurs années. Deux sujets totalement différents au premier abord, mais que j’ai eu envie de relier par un nouvel élément qui me paraît commun aux deux : la mémoire. Le corps a une mémoire, à court terme : il marque la mémoire d’une vie vécue.
Mais le corps s’érode, vieillit, accuse l’assaut du temps. La pierre, elle, traverse le temps et les âges. Elle ne dure pas que le temps d’une vie, mais perdure, voit passer des multitudes de vies, comme une sorte de regard témoin, le support d’une mémoire collective. L’homme par le biais de la religion, de la politique, de l’art…cherche à s’inscrire dans la pierre, à perdurer comme elle, il cherche toujours à rester présent, comme attaché à un lieu, à une époque, et à laisser la trace de ce présent.
Passé ou futur ? Une image photographique se range du côté des images exactes, mais de ce point de départ j’aimerais parvenir à des débordements sur des images intérieures, retrouver à l’extérieure une sorte de reflet de ce qui est à l’intérieur de moi, de nous. Je souhaite créer des images impermanentes : apparaissent-elles ?, disparaissent-elles ?, à chacun de le définir ; des représentations du corps qui arrêtent le regard et permettent une observation, sans s’y attacher, de formes qui apparaissent (ou disparaissent…) et dont le spectateur est pleinement conscient. Quelles que soient les formes qui apparaissent, le spectateur doit les considérer extérieurement par l’œil et intérieurement par la pensée. »
Stéphane Diremszian – Photographe
Né en 1975. Vit et travaille à Lyon
« Diremszian : consonances originelles d’Arménie, qu’il n’est pas anodin, ni déplacé de relier avec le génocide du début de siècle, d’horrible mémoire, que l’actualité ramène à la surface au seuil de l’intégration des Turcs dans la nouvelle Europe. D’ailleurs la famille du photographe, comme une majorité de ses compatriotes, avait émigré à cause du génocide dont elle était directement victime. »
Aujourd’hui Stéphane Diremszian utilise les images de ses archives personnelles et familiales pour retracer ses origines.