Sprüth Magers, New York, présente Inherited Images, une exposition d’œuvres d’Andreas Gursky.
Andreas Gursky s’impose comme l’un des photographes les plus importants de sa génération. Ses œuvres monumentales ont redéfini le médium aux XXe et XXIe siècles, capturant les conditions de vie contemporaines sous une forme condensée. Intéressé par les mécanismes de la mondialisation, du consumérisme et des phénomènes sociaux en lien avec la société, Gursky explore les réalités de notre planète en mutation. Monika Sprüth et Philomene Magers sont heureuses de présenter une exposition personnelle des œuvres nouvelles et récentes de Gursky, ainsi qu’une sélection de ses photographies célèbres, mises en dialogue intertextuel avec les maîtres anciens à la galerie new-yorkaise. En s’intéressant aux images inscrites dans nos mémoires collectives de l’histoire de la peinture – de Pieter Bruegel l’Ancien à J.M.W. Turner et Carl Gustav Carus –, l’exposition examine le lien entre les images contemporaines et celles du passé, incitant le spectateur à considérer leur fonction de référence silencieuse pour notre regard.
Pour cette exposition, Gursky associe ses photographies à des agrandissements de grands maîtres afin d’explorer les conditions de création de l’image et de révéler les liens conscients et inconscients entre des images créées à des siècles d’intervalle. Présentée ici pour la première fois, Lützerath (2023) montre des militants écologistes qui ont investi les arbres pour protester contre les fouilles d’un petit village de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Occupé en réaction à l’expansion de la mine de charbon à ciel ouvert située à ses portes, Lützerath est devenu début 2023 le centre du combat pour le charbon et le climat. Les écologistes se nichent entre les branches, tandis que la police en tenue anti-émeute se tient à proximité, observant la situation depuis les hauteurs. Des images comme celles-ci sont devenues monnaie courante dans le monde entier depuis que l’acte de s’asseoir dans les arbres est devenu une forme de manifestation populaire dans les années 1980 et 1990. L’image de Gursky illustre la lutte mondiale pour l’élimination de l’utilisation des énergies fossiles, l’échec des politiques environnementales et l’aggravation rapide de la crise climatique. À proximité, une section de La Chute des anges rebelles (1562) de Pieter Bruegel l’Ancien dépeint le premier affrontement entre le Bien et le Mal, lorsque Lucifer se retourne contre l’autorité divine. Elle invite le spectateur à réfléchir à l’histoire du sujet et aux choix artistiques qui renforcent l’idée d’une « guerre céleste », que ce soit dans un contexte biblique ou politique.
Offrant une vision du ciel très différente, le sujet nocturne et l’atmosphère forte de Malediven (2023) rappellent la nuit comme thème prédominant du Romantisme. À côté, Fishermen at Sea (exposé en 1796), la scène au clair de lune de J.M.W. Turner illustrant l’influence de la nature sur le destin de l’humanité, confirme cette impression. Le contraste entre la lune éclatante et la faible lueur de la lanterne sur le bateau indique que les pêcheurs livrent un combat perdu d’avance contre les vagues. Non seulement la composition et l’éclairage d’ambiance de Turner font formellement écho à la photographie de Gursky, mais le tableau reflète également le thème récurrent de l’interdépendance de la nature et de la société, un motif clé de l’œuvre de l’artiste contemporain.
Aletschgletscher II (2024) revisite l’œuvre de Gursky, une vue emblématique du plus grand glacier des Alpes suisses de 1993. En dialogue direct avec la version précédente, cette nouvelle photographie, tout aussi captivante, capture le déclin brutal de la masse glaciaire, soulignant l’impact considérable de l’urgence climatique sur le paysage en seulement trente et un ans. On y retrouve également des échos de peintures romantiques comme La Mer de Glace de Chamonix (1825-1827) de Carl Gustav Carus, élève de Caspar David Friedrich. La juxtaposition de ces œuvres permet à la célébration du sublime au XIXe siècle l’invocation d’une terreur agréable face à une nature écrasante – de rencontrer la représentation par Gursky de la coexistence de la beauté et de la menace imminente de destruction à l’ère de l’Anthropocène.
Les œuvres élaborées de Gursky reproduisent la vie moderne dans des proportions grandioses tout en proposant une réflexion plus approfondie sur nos interactions avec le monde. Proposant une approche singulière de la perception de la réalité et analysant le catalogue visuel intérieur que nous portons en nous, l’exposition présente des images saisissantes sur les images.
Andreas Gursky : Inherited Images
14 mars – 19 avril 2025
Sprüth Magers Gallery
22 E 80th St.
New York, NY 10075
www.spruethmagers.com