Créé en 1975 à Paris, le laboratoire DUPON était avant tout destiné aux photographes. Sa vocation était de développer des films matin, midi et soir. Le laboratoire fonctionnait sept jours sur sept, de huit heures à minuit.
C’était une vraie ruche où se côtoyaient tous types de photographes, des plus humbles aux plus grands, du photographe de studio aux photographes de presse, en passant par ceux qui faisaient de la mode. Situé à Montmartre, le quartier recélait un nombre impressionnant de studios de prise de vues, succédant aux anciens ateliers de peintre. Tous sans exception attendaient les premiers résultats de leur test, dans la fébrilité et l’anxiété, pour juger de leurs prises de vue. Le temps était primordial, les coursiers attendaient dans l’exaspération la sortie des films pour les livrer le plus vite possible. Il se passait en permanence quelque chose qui stimulait l’imagination et la compétition.
En 1989, ouvrant Le magazine PHOTO, j’apprends qu’un Festival photographique vient d’être créé à Perpignan, orienté vers le photojournalisme. Ce mot barbare ne représentait pas grand chose pour moi, mais la ville de Perpignan beaucoup, le destin m’ayant fait naître à deux pas du palais des rois de Majorque. Début septembre je « descends » à Perpignan voir ce qu’il en était. Je tombe sur Jean-François Leroy que je connaissais déjà, mais dont j’ignorais les nouvelles prérogatives dont Roger Thérond l’avait investi et nous allons déjeuner à la Casa Sanza qui était son QJ. Tout content de ces retrouvailles je lui assure alors mon soutien éternel et irrévocable. C’est ainsi qu’à partir de ce moment, fin août-début septembre, je me retrouve immanquablement à Perpignan.
Année après année le Festival s’est développé pour être ce qu’il est aujourd’hui, une sorte de « Festival de Cannes » de la photographie, pour lequel Dupon a dû réaliser une bonne centaine d’expositions avec les plus grands photographes du moment. Depuis vingt deux ans, je n’ai pas manqué une seule édition. C’est devenu pour moi un rituel qui m’a beaucoup apporté tant sur le plan professionnel que sur le plan humain.
Les sujets présentés dans le cadre de ce Festival incontournable nous immergent dans la dure réalité d’un monde où plus rien ne peut nous échapper, ce foisonnement d’images nous obligeant à ouvrir nos yeux et notre cœur sur une réalité qui trop souvent, hélas, dépasse la fiction.
Jean-François Camp. PDG.