Je me rappellerais toujours du temps, à une époque fascinante, où un photographe pouvais se rendre auprès d’un magazine pour y rencontrer le directeur de photographie, s’asseoir et discuter d’une proposition de projet tout en prenant congé des lieux avec des fonds substantiels lui permettant de réaliser son œuvre.
Lorsque je faisais partie du Sunday Times Magazine, nous étions capables de faire ceci, c’est à dire de “spéculer pour amasser” et de prendre certains risques basés sur le talent du photographe et de la pertinence de l’idée. La majorité de ces aventures de l’image aboutissaient sur un travail orné d’une récompense qui fournissait le magazine d’un matériau exclusif alors que son nom, en lien à l’œuvre produite, devenait synonyme de reconnaissance internationale.
Malheureusement, ces jours ne sont plus qu’un souvenir alors que notre branche, comme beaucoup d’autres, souffre des effets de la récession globale et que le bond en avant de la technologie et des media sociaux peut parfaitement prétendre qu’on considère plutôt l’affichage média traditionnel comme une sorte de médium dénué du moindre charme.
Jeudi prochain en soirée au « Visa Pour L’Image » de Perpignan, je serais sur scène aux côtés du directeur, Jean Francois Leroy et je ferais l’annonce des cinq gagnants du Getty Images Editorial Grant de 2011.
Chacun des lauréats recevra 20000 $ pour compléter ou pour se lancer dans le projet qu’il aura choisi.
Il n’y a pas d’agenda dissimulé, quiconque se réclamant d’une agence peut y souscrire, le concours est sans conditions. Ils auront été choisis par un ensemble de juges indépendants à partir d’un panel de 400 participants anonymes, et je serais, pour le dire à nouveau, immensément fier.
Cet événement marquera la septième année de subvention et rappelons qu’une somme formidable de 700 000 $ a été distribuée aux chanceux photojournalistes dont les histoires ne sauraient être narrées, des reportages qui, sans ce soutient, n’auraient sans doute pas pu être présentés et c’est la raison pour laquelle je suis si fier, que nous puissions en tant qu’entreprise, déployer une telle volonté et que nous soyons capable de soutenir le photojournalisme et ces photographes dévoués.
The Getty Images Grants pour l’édition de la photographie a été instauré en 2004 pour permettre aux journalistes photographes émergeants et établis de poursuivre leurs projets d’édition personnelle et de grand mérite, de concentrer leur attention sur des thèmes sociaux et culturels chargés de sens.
Il s’agit de notre “petite phrase”, laquelle résume succinctement ce dont il s’agit et ce que nous défendons mais derrière ceci se trouve un mécanisme complet, un processus et des heures d’engagement de la part de collègues dévoués, de juges expérimentés et des centaines de journalistes photographes ambitieux.
Le processus d’appréciation a évolué au cours des années pour finalement se baser sur les impressions de nos juges, un des plus plaisants de l’industrie.
Cette année a reçu la faveur de quelques 400 inscriptions du monde entier, lesquelles ont été validées par un système en ligne créé sur mesure qui permet aux juges de s’identifier et de commencer à choisir leur ‘top dix’ des participants selon leur gré, sur une période de 4 à 5 semaines.
Une fois que nous aurons reçu la sélection du ‘top dix’ de la part des 5 juges, nous espérons y retrouver des coïncidences et généralement, le jour de délibération, qui alterne entre New York et Londres chaque année, nous serons en possession de 45 participations à évaluer.
Ce principe permet aux juges de bénéficier de suffisamment de temps pour évaluer chacun du corps des travaux effectués ainsi que de chaque proposition en détails… le débat peut alors commencer !
Chaque membre du jury exposera ses arguments en faveur de ses favoris et, à travers un processus progressif d’élimination, nous déterminerons nos 5 gagnants.
Pour moi, le meilleur instant se concrétise à l’étape suivante, alors que le jury est encore avec nous, nous essaierons de contacter chaque gagnant, un par un, pour leur apprendre la nouvelle.
Il s’agit vraiment d’un instant de plaisir et d’émotions, et nous avons déjà assisté à de nombreuses éruptions de larmes et de joie alors que les photographes, dont un grand nombre sont sur le point de s’évanouir, réalisent qu’ils vont pouvoir continuer leur œuvre et – bien heureusement – compléter leur projet. Ces émotions font de toute cette organisation un événement vraiment digne du plus grand intérêt et nous quittons la pièce quelques peu inspirés et fier d’avoir été en mesure d’aider toutes ces femmes et ces hommes dévoués à poursuivre leur rêve qui est de produire ce travail si important pour eux.
Mes sincères remerciements vont à mes collègues, tout particulièrement à Jamie Penney pour son dur labeur, et à notre panel de juges internationaux fort estimé.
Tom Stoddart, Journaliste photographe
Jean-Francois Leroy, Directeur général, Visa Pour l’Image
Jon Jones, Directeur de photographie, The Sunday Times Magazine
Cyril Drouhet, Directeur de photographie, Le Figaro magazine
Emanuela Mirabelli, Editeur de phototographie, Marie Claire Italie
Si vous êtes à Perpignan, n’hésitez pas à vous joindre à nous ce vendredi pour la présentation par nos soins, des candidats présents au Palais des Congrès, Salle Jean Claude Rolland de 15 à 16 heures.
Je vous laisserais sur une déclaration d’un de nos juges de réputation internationale, le journaliste photographe très respecté Tom Stoddart, et j’espère grandement vous voir à Perpignan.
“Cela fut pour moi un véritable plaisir de faire partie du jury en cette année du Grants for Editorial Photography. Après avoir passé des heures devant les travaux de photographes talentueux, dévoués et passionnés, je prends congé de votre agréable compagnie avec la réponse à la bonne vieille question – le photojournalisme est-il mort ? NON – il est bien vivant et fort en images !”
Aidan J. Sullivan
Vice President Photo assignment
Getty images