Depuis 2001, Hervé Schiavetti est le maire d’Arles et un partenaire très actifs des Rencontres.
Je pense que mon premier souvenir des Rencontres date du milieu des années quatre-vingt. Je m’étonnais qu’il y ait des projections sur la place du Forum alors qu’il y en avait de superbes dans le cadre magique du Théâtre Antique ! Je n’avais pas compris que c’était la naissance du Off, créé par Chabassus, « Le chat ».
Mes premières Rencontres en tant que maire d’Arles datent de 2001. Cette année là, le directeur artistique était Gilles Mora. Je me souviens d’un programme riche et de ma découverte de la photographie américaine présentée par un grand connaisseur qui savait la faire aimer et comprendre. C’était une excellente année, un programme très ouvert. Gilles Mora voulait être reconduit, contrairement à l’habitude de l’époque, et il l’a été.
Mon plus beau souvenir, le plus ému, incontestablement, c’est la grande exposition de Willy Ronis à l’église Sainte Anne, sur la place de la mairie. Ce regard si humain, cette approche généreuse et sociale du monde, sans lourdeur ni démonstration m’a vraiment touché et j’y pense chaque année, depuis, à l’approche des Rencontres. Car Willy Ronis était là, incroyablement disponible, signant sans cesse ses livres, répondant à tous, discutant. C’était la dernière exposition de son vivant.
Je regrette plus que tout que nous n’ayons pas su prendre plus tôt la décision de ne pas confier la présidence des Rencontres à un politique. Quand je suis devenu maire, Lucien Clergue est venu m’expliquer que je devais être président, comme l’avaient été mes prédécesseurs. J’ai dit oui, sans vraiment analyser les choses et c’était une erreur. Sans penser à l’étiquette politique, ce ne devrait jamais être un politique qui préside aux destinées de l’association des Rencontres, comme de toute grande manifestation culturelle, mais une personne compétente et irréfutable dans le domaine de la culture. Nous avons eu la chance d’avoir François Barré, aujourd’hui Jean-Noël Janneney, et je vois bien que cela aurait dû être ainsi depuis toujours.
J’aimerais vraiment que la dimension photojournalistique, le reportage, l’actualité soient davantage présents. C’est une dimension de la photographie à laquelle je suis très attaché et je pense que Arles, dans sa nature généraliste, doit lui donner sa vraie place. Même s’il y a crise aujourd’hui, même si Visa, à Perpignan, s’est spécialisé dans ce domaine. C’est une question de fond et aussi une envie vraiment personnelle. Mais je ne suis ni directeur, ni directeur artistique…
Quand François Hébel, qui est un vrai metteur en scène, a investi les ateliers, la dimension des Rencontres a changé. On peut s’en rendre compte chaque année et c’est une évidence que la manifestation ne peut se suffire des espaces historiques et patrimoniaux de la ville. Investir cette friche en 1983 et ouvrir avec un portrait de François Mitterrand alors qu’il y avait un maire de droite était tout de même culotté !
Il va y avoir, dans les prochains jours, des annonces importantes en ce qui concerne le site des Ateliers, le déménagement de l’Ecole, le Patrimoine. Le nouveau projet de Frank Ghery sera là en septembre et nous pourrons ouvrir dans cinq ou six ans je pense.
Archives de l’Œil de la Photographie – Propos recueillis par Catherine Philippot et Christian Caujolle, 2011