Ouragan sur le portfolio
Vous connaissez Arles ? Vous connaissez Mistral ? Pas celui qui attend le train place du Forum, celui qui souffle du nord. Mistral + lecture de portfolio + Cour de l’Archevêché, une expérience à tenter.
La lecture de portfolios est un sport d’endurance. Imaginez un soleil de plomb et de petits parasols gentiment disposés pour prévenir l’insolation fatale. C’est charmant, convivial et coloré. Tout le monde attend sagement. Le photographe son tour ; le lecteur son photographe. Une vague torpeur s’insinue, l’ambiance est plutôt feutrée, on regarde avec attention, on sympathise, on parle avec animation des travaux.
Mais Mistral vient mettre bon ordre à ce tableau idyllique. Le parasol s’agit dangereusement, vous faites comme si de rien n’était. Des nuages de poussière viennent vous chatouiller les narines, vous restez calme. Ça s’aggrave, ça atteint les yeux. La photographe américaine qui vous montrait des tirages paraît vraiment émue que vous vous mettiez à pleurer devant ses photos de camions aux couleurs pétantes. Photos que vous tenez à bout de bras face à vous, afin d’éviter la chute de larmes qui serait fatale aux impressions jet d’encre. Vous restez calme. Vous vous demandez si c’est votre eye-liner, cette tâche noire, là, sur le passe-partout. Apparemment c’est une mouche. La photographe inquiète des soubresauts du parasol, s’y agrippe dans un beau geste chorégraphique, pendant que vous tentez à la fois d’empêcher les photos de s’envoler et de les ranger dans leur pochette. La dame tient toujours le parasol, qui commence son décollage. Le photographe suivant, un grand jeune homme serviable, réussit à le refermer. Heureusement, il est le dernier de la liste (qui s’est envolée) et vous présente une maquette de livre. Reliée. Vous vous dirigez à l’aveuglette vers la pharmacie la plus proche.
Si on essayait les Cryptoportiques ?
Archives de l’Œil de la Photographie – Anne Biroleau, 2011
