L’Américain Slim Aarons (1916-2006) est connu pour sa documentation de la jet-set et de la haute société dans les années 1950 à 1970, sa plus célèbre photographie étant Kings of Hollywood, un cliché du nouvel an 1957 représentant Clark Gable, Van Heflin, Gary Cooper et Jimmy Stewart se détendant cocktails à la main au bar d’un établissement de Beverly Hills. Le voici à l’honneur à la galerie Staley Wise, à New York, avec plus d’une trentaine d’images couleur comme noir et blanc, dont beaucoup sont inédites, entre scènes de fête, portraits naturels et ambiance de vacances luxueuses.
Les beaux, les célébrés, les riches et les puissants ont toujours été les sujets favoris d’Aarons, une approche en photographie qu’il a ainsi résumé dans une phrase : « Photographing attractive people doing attractive things in attractive places. » (« Photographier des gens séduisants faisant des choses séduisantes dans des lieux séduisants. »). De son temps, nombre de ces photographies se sont retrouvées dans les pages glamour de publications telles que Life, Holiday ou Town & Country ; ces mêmes magazines qui renvoyaient alors l’image d’une Amérique prospère et privilégiée, attribuant à ses élites le statut princier. On retrouve dans ces images Dali, JFK, Mick Jagger, Truman Capote, Louis Armstrong ou encore Marianne Faithfull, les uns prenant des bains de soleil, au bord de la piscine ou en safari en Afrique, les autres dansant autour d’un concert improvisé à Rome, au bal du Waldorf-Astoria à New York, ou simplement dans l’intimité de leurs habitations haut de gamme. De Palm Beach à Palm Springs, de Moustique à Monaco, d’Aspen à Gstaad, c’est un voyage sur le terrain de jeu exclusif des riches, où il n’est évidemment question que d’une chose : se détendre et s’amuser.
Comme son aîné Cecil Beaton, photographe de la bourgeoisie britannique, Slim Aarons s’est élevé au rang de photographe de cour. A la vue de cette sélection survient évidemment ce sentiment étrange, entre fascination et dédain. Mais photographier les riches peut parfois s’avérer aussi historique que compatir avec les pauvres. En témoigne cette image étonnante mettant en scène en 1956 le comte de Paris, « prétendant au trône de France », en compagnie de sa famille sur l’herbe du manoir du Cœur Volant à Louveciennes ; ou bien celle qui fait apparaître Truman Capote dans une déco amusante dans son appartement de Brooklyn Heights en 1958. Si les images de « reportage » de Slim Aarons peuvent parfois sembler assez convenues, nul doute que son sens de la composition et de l’authenticité dans l’exercice du portrait — où le regard ne trahit pas — faisait de lui un talentueux observateur.
EXPOSITION
Slim Aarons: A Man for All Seasons
Jusqu’au 28 juin 2014
Staley Wise Gallery
560 Broadway
New York, NY 10012
USA
T + 212-966-6223
F + 212-966-6293