Souvent, la créativité est inspirée par des conversations avec ceux dont nous sommes proches, l’intimité permettant des révélations qui ne se produiraient pas autrement. En 2016, Sandro Miller, un photographe américain primé, et sa femme Claude-Aline, discutaient cheveux, un sujet apparemment prosaïque. Claude-Aline, une femme afro-américaine, a partagé comment elle considérait ses cheveux comme étant « la manifestation de son âme passée, présente et toujours exposée ». Pendant qu’elle parlait, une idée commençait à pris forme.
Crowns: My Hair My Soul My Freedom en est le résultat, un projet de trois ans qui a vu Sandro créer plus de 100 portraits de femmes noires et leurs magnifiques coiffures sculptées. Crowns est une histoire qui célèbre les femmes noires, leur pouvoir, leur histoire et leur culture exprimées dans des portraits qui capturent l’individualité du modèle. La photographie est époustouflante comme on peut s’y attendre d’un artiste comme Sandro, ses projets passés tels que Malkovich, Malkovich, Malkovich: Homage to Photographic Masters, informant nos attentes. Chacun de ces portraits est une œuvre d’art.
L’essence de la femme représentée, sa douleur et sa joie, sa résilience extraordinaire, sa compréhension de soi et sa détermination sont véhiculées dans chaque image. Faits sur fonds décorés et de couleurs vives qui font écho au pop art ou sur fonds noirs unis, ces portraits permettent à chaque femme d’exprimer sa majesté.
Crowns présente également des citations de certains de celles qui sont illustrées, fournissant des informations fascinantes qui donnent au livre une profondeur encore plus grande. Les femmes décrivent leurs cheveux avec révérence : « ma magie » (Ava), « ma plus grande fierté » (Ipeleng), « mon lustre d’espoir » (Keke). D’autres partagent la douleur d’être soumise à la ségrégation où harcelée à cause de leurs cheveux. Nia raconte : « Au collège, mes cheveux étaient tressés et en nattes africaines. Les garçons me tourmentaient en m’appelant » Nattes de Ghetto ». J’étais jeune et ça faisait vraiment mal. Tadi dit: «J’étais confuse quand j’étais enfant parce que toutes mes poupées avaient de longs cheveux blonds raides. Mes cheveux étaient une coupe courte afro noire.
Comme le démontrent ces citations, Crowns est également une fenêtre sur une histoire beaucoup plus large sur le racisme dont les femmes noires ont été victimes pendant de nombreuses décennies. C’est à travers cette collection de mots et d’images que Crowns devient une puissante dissertation sur l’importance des cheveux d’une femme noire, en tant que déclaration personnelle de style et en tant que véhicule pour comprendre les profondes associations émotionnelles, spirituelles et ancestrales que ces femmes ont avec leurs couronnes. . Comme l’écrit Mimi « Mes cheveux ont un lien fort avec mes origines ancestrales, ce qui me permet de rester connecté au vivant et au non-vivant. »
Crowns a été photographié à Chicago (États-Unis), Dakar (Sénégal) et Johannesburg (Afrique du Sud). Dans chaque lieu, Sandro a réuni des équipes de coiffure et de maquillage et élargi le réseau des participantes, assurant la diversité. Il a obtenu le soutien de l’actrice américaine Angela Bassett qui, dans sa préface du livre, partage ses réflexions sur le « pouvoir transformateur » des cheveux d’une femme noire. « Aucune autre femme sur la planète ne peut exprimer son individualité et sa créativité via les follicules qui caressent sa tête comme la femme noire », écrit Bassett. Les images de Sandro en sont la confirmation sans équivoque.
Le poème imposant de la poétesse américaine Patricia Smith, Nap Unleashed, qui a été composé pour Crowns, résume la lutte et le pouvoir des femmes noires, présentant les cheveux comme un tissage mystique du cœur et de l’âme, un portail à travers lequel les femmes noires apprennent à se connaître et à affirmer leur pouvoir . C’est une écriture brillante et émouvante. Pour citer Nap Unleashed :
Quand nous avons commencé, nos cheveux étaient furieux et tressés en épaisseur contre le crachat des hommes. Notre couronne de chaos éblouit encore, la trame déchaînée, et nous explosons, toujours à nouveau nous-mêmes, une seule âme, mais aucune de nous la même. Cela s’affiche clairement, rasée, frisée et nouée, bouclée et enroulée, c’est tout cela mais toujours noire, nos cheveux sont le funk, le scorch, le grognement d’Aretha, c’est gentiment infernal sur nos têtes parfaites…
Edité par SKIRA, Crowns : My Hair My Soul My Freedom se présente sous la forme d’une couverture rigide avec étui, en français et en anglais. Le grand format permet aux portraits de s’élever de chaque page, et la reproduction des images est irréprochable.
Au-delà de sa beauté, Crowns est un livre qui suscitera des conversations importantes et apportera de nouvelles compréhensions de ce que signifie être une femme noire.
Alison Stieven-Taylor
Sandro Miller – Crowns : My Hair My Soul My Freedom
Éditeur : SKIRA en éditions anglaise et française
Pages : 168
Dimensions : 30,5 x 35,1 cm
Illustrations couleur : 140
Taille : 30,5 x 35,1 cm