La galerie Howard Greenberg présente une exposition inédite de Sid Grossman (1913-1955), photographe new-yorkais, relativement peu connu en France mais dont l’influence sur la génération des photographes de rue des années 1960 est considérable. L’exposition se concentre sur les images de Grossman prises à New York, dans le sud des États-Unis et en Amérique Centrale entre 1939 et 1948 environ, les tirages sont d’époque et très beaux, noir et blanc aux tonalités parfois chaudes.
Les photographies de Sid Grossman montrent le New York des années 1940 et, en tant que spectateur, le plaisir des photographies de rue reste le même : la joie de l’anecdote, la curiosité du document d’époque. Certaines images sont extrêmement composées, calmes comme des tableaux classiques, et d’autres ont une fraicheur différente et inattendue. On trouve une certaine jubilation dans cette manière tremblée de faire de la photographie. Sid Grossman n’a pas peur du flou, du cadrage maladroit et de l’erreur technique, choses auxquelles le spectateur contemporain est habitué mais qui tranche avec les travaux de ses successeurs des années 1960.
L’exposition est ponctuée par un accrochage sur la Photo League sous la forme d’une digression qui vient rappeler l’engagement social et les convictions politiques de Sid Grossman ; ce sont les gens qui l’intéressent. Sa carrière s’arrête pourtant abruptement en 1949 quand il est accusé pour ses sympathies communistes ; sa réputation est ternie et il n’est plus exposé. Il quitte New York pour Provincetown, continue de prendre des photographies mais meurt quelques années plus tard à 42 ans. Sa biographie révèle une autre histoire de la photographie, une histoire qui n’est pas qu’une succession de changements techniques et de révolutions esthétiques, mais qui est aussi sociale et éminemment politique.
Hugo Fortin
Hugo Fortin est un critique en photographie basé à New York.
Sid Grossman
Du 12 janvier au 11 février 2017
Howard Greenberg Gallery
41 East 57th Street
New York
Etats-Unis
