A partir de 1985 Willy Ronis se plonge dans son fonds photographique et sélectionne ce qu’il considère comme l’essentiel de son travail. Il réalise six albums comprenant 590 photos qui représentent à ses yeux son testament photographique. Ceux ci sont la matrice de cette exposition. L’œil de la photographie souligne l’importance de ce grand photographe qui nous a quitté il y a presque dix ans en publiant chaque jour un des neuf volets de cette exposition exceptionnelle, aujourd’hui : icônes du monde ouvrier et des luttes sociales.
En 1936, Willy Ronis décide d’abandonner le petit studio de quartier de son père pour « se lancer dans l’aventure de la photographie indépendante ». Plusieurs publications dans divers journaux de gauche le confortent dans sa décision.
Avec l’arrivée du Front populaire, il photographie avec frénésie les défilés syndicaux, les meetings géants du Vélodrome d’hiver et le défilé du 14 juillet, où il immortalise la petite fille au bonnet phrygien qui est publiée dans Regards et devient l’une de ses icônes ; ce qu’il adviendra plus tard de l’image retrouvée de la syndicaliste Rose Zehner haranguant ses collègues en grève chez Citroën en 1938.
Au lendemain de la guerre, à la demande d’une presse renaissante et engagée, Willy Ronis découvre de nombreux conflits sociaux, comme les grèves à la SNECMA (1947) ou chez Renault (1950). Pour le magazine Life, il couvre les grèves des mineurs de Saint‑Étienne (1948) puis assure un autre reportage sur le pays minier de Lens (1951). Pas d’images « choc » dans sa démarche, mais une approche des gens quasi complice, témoignage de sa solidarité avec ces luttes ouvrières. Des images faites non pour émouvoir, mais pour faire connaître.
Les conflits ne sont pas les seules sources d’intérêt du photographe. Le monde ouvrier le passionne, et, au-delà, l’industrie elle-même – forges, filatures, docks – sans pour autant oublier les artisans ou les agriculteurs. Toutes ces images mettent en évidence la fraternité et l’attention de Willy Ronis pour la condition humaine dans l’ordinaire de la vie quotidienne.
Willy Ronis par Willy Ronis
Du 27 avril au 29 septembre 2018
Pavillon Carré de Baudouin
121 rue de Ménilmontant
75020 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 18h Entrée libre